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«Tenez-vous loin des hommes violents» – Angélique Kidjo

Photo: Archives Getty
Elisabeth Braw - Metro World News

Les femmes devraient fuir les relations violentes, déclare la chanteuse ouest-africaine lauréate de deux Grammys.

Angélique Kidjo est connue mondialement comme la reine de la pop africaine. La chanteuse béninoise a même inventé un nouveau langage musical. Toutefois, la cause qui lui tient le plus à cœur est la lutte contre la violence faite aux femmes. Les femmes doivent cesser de tolérer les comportements violents de leurs partenaires, dit-elle à Métro.

  • Nom. Angélique Kpasseloko Hinto Hounsinou Kandjo Manta Zogbin Kidjo.
  • Naissance. À Ouidah, au Bénin, le 14 juillet 1960.
  • Carrière. Pionnière et diva de la pop africaine. A remporté deux Grammys.
  • Actualité. Militante des droits des femmes et des enfants. Ambassadrice itinérante de l’UNICEF.

Le fait que les hommes agressent les femmes n’est pas nouveau. Pourquoi, selon vous, les choses ne se sont-elles pas améliorées, malgré des années de sensibilisation?
Les femmes ont parfois peur de se retrouver seules. Souvent, elles ne vont donc pas rapporter les agressions par crainte d’être laissées seules. Et nous devons aussi réfléchir à la façon de protéger les victimes quand on traduit les agresseurs en justice. Le système judiciaire doit être réformé afin d’assurer aux victimes une plus grande protection. Autrement, elles ne dénonceront pas les abus, et témoigneront encore moins en cour.

Au chapitre de la violence, nous, Occidentaux, ne sommes pas mieux lotis que les autres…
En effet. Il existe encore de grandes inégalités entre les hommes et les femmes dans les sociétés occidentales. Il suffit simplement de considérer les différences sur le plan professionnel. Pour briser le cycle de la violence, et pas seulement en Occident, nous devons avant tout créer des lieux où il est possible de s’exprimer en toute sécurité. Cela permettra aux victimes de parler. Cela permettra aussi à leurs enfants de parler et d’apprendre que ces comportements ne sont pas appropriés. Autrement, comment des enfants qui ont vu leur père battre leur mère comme une chienne se comporteront-ils une fois adultes?

Vous avez vécu en Afrique et en Occident. Selon vous, où les femmes sont-elles le mieux et le moins bien traitées?
La violence n’est liée ni aux frontières ni à la couleur de la peau. Ce serait trop facile et trop irrespectueux pour les gens de l’Afrique et de certaines autres régions du monde de considérer le lieu dont ils sont originaires comme une des raisons de leur violence.

Pourquoi militez-vous en faveur de cette cause?
Je crois fermement que nous devons changer la façon de penser des hommes. La violence n’est pas seulement un problème qui touche les femmes; c’est aussi un problème qui concerne les hommes. Il faut leur dire : «N’avez-vous pas honte de voir votre femme souffrir? Ne l’aimez-vous donc pas?» Et nous devons aussi éduquer les garçons différemment. Prenez la cuisine, par exemple. Ma mère m’a montré à cuisiner, mais elle ne l’a pas montré à mes frères. Pourquoi?

Les hommes qui ont l’impression d’être des ratés sont souvent plus susceptibles d’être violents. Pensez-vous que certains agressent les femmes parce qu’ils éprouvent un sentiment d’impuissance?
On leur a dit que l’amour fait mal. Nous, les femmes, devons refuser de nous retrouver dans des relations violentes. Nous devons simplement quitter les hommes violents, et la violence cessera. En tant que société, nous devons nous asseoir et parler à ces hommes. Et nous devons changer le système judiciaire afin que les femmes ne soient pas deux fois victimes : la première fois de leur conjoint, la seconde, de la cour.

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