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Fausse facturation et générosité de Genivar

Lia Lévesque - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – La firme Genivar a eu recours à de la fausse facturation des années durant, au milieu des années 2000, pour pouvoir faire du financement politique municipal, a admis un ex-vice-président, mercredi, devant la Commission Charbonneau.

Et le procureur de la commission, Me Paul Crépeau, a révélé que les dirigeants de Genivar avaient donné quelque 500 000 $ aux différents partis provinciaux, de 1998 à 2011.

François Perreault, qui a été vice-président de Genivar jusqu’à vendredi dernier, a assuré que si la firme donnait aux partis politiques, c’est parce qu’elle était sollicitée pour le faire. «Si on n’avait pas joué le jeu, je ne crois pas qu’on aurait survécu dans ce monde-là. C’est presque une obligation» au municipal, a-t-il lancé.

En 2010, lorsque Radio-Canada a diffusé un reportage sur de la fausse facturation, Genivar a déclenché une enquête interne. Celle-ci a permis de découvrir 17 fausses factures datant de 2005 à juillet 2009, autorisées et signées par les hauts dirigeants, dont lui-même.

Ces entreprises qui avaient émis de fausses factures à Genivar n’avaient en fait jamais rendu ces services. Il s’agissait d’«entreprises éphémères», qui ont pu exister temporairement puis sont disparues, a-t-il expliqué. La fausse facture était imputée à un projet donné de Genivar pour qu’elle semble plus plausible.

Jamais les coûts n’ont été refilés au client, le donneur d’ouvrage, a-t-il assuré.

M. Perreault n’a jamais mis ses supérieurs au courant. Il a affirmé en avoir payé le prix, lorsque le stratagème a été découvert, ayant été privé de son boni de 100 000 $. Il a aussi remis sa lettre de démission vendredi dernier.

Financement politique

L’ex-vice-président a estimé que Genivar a donné de «300 000 $ à 400 000 $» au fil des ans à Bernard Trépanier, l’ancien responsable du financement à Union Montréal, le parti au pouvoir.

M. Perreault et sa conjointe se sont aussi montrés généreux envers les partis provinciaux, donnant au Parti libéral du Québec surtout, et aussi au Parti québécois et à l’Action démocratique durant la décennie 2000. Ensemble, ils ont donné «une quarantaine de milliers de dollars» aux trois partis, de 2000 à 2010.

Quant aux dirigeants de Genivar et leurs conjointes, de 1998 à 2011, ceux-ci ont donné «environ 500 000 $» aux partis politiques provinciaux, a précisé Me Crépeau.

Comme d’autres témoins avant lui, M. Perreault a dit estimer que le lien de cause à effet entre les dons aux partis et l’obtention de contrats du ministère des Transports n’était pas direct, puisque les règles sont beaucoup plus strictes au MTQ. «Je ne pourrais pas vous dire le lien de cause à effet.»

S’il a donné davantage au PLQ, a-t-il indiqué, c’est simplement parce qu’il a davantage été sollicité par ce parti.

Pour ce qui est du financement par le biais de participation à des cocktails ou des petits-déjeuners, au municipal, M. Perreault a admis que lui et sa conjointe ont fait des dons, à la fois à Union Montréal et à Vision Montréal de 2000 à 2009. «Ce n’était pas par conviction politique, c’était par opportunisme», a-t-il avoué.

Guerre de prix

La collusion entre firmes de génie à Montréal a pris fin, selon M. Thériault, en 2009 avec l’escouade Marteau et la multiplication des reportages dans les médias. Mais depuis, on assiste à une guerre de prix telle, entre firmes de génie, que la qualité du travail s’en ressent.

«Aujourd’hui, ce n’est pas mieux, parce que même s’il n’y a plus de collusion, il y a une guerre de prix incroyable, et puis vous n’y gagnez pas. Les municipalités n’y gagnent pas. Ce n’est pas vrai qu’on peut faire faire des services d’ingénierie à 50 pour cent des barèmes, 30 pour cent des barèmes et ne pas perdre sur la qualité du projet en bout de ligne», a-t-il opiné.

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