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Commission: Pereira interrogé sur son agressivité

Photo: www.ceic.gouv.qc.ca

MONTRÉAL – À la Commission Charbonneau, lundi, les échanges ont été vifs quand le témoin Ken Pereira a été interrogé sur son agressivité et sur ses relations acrimonieuses avec Jocelyn Dupuis par l’avocat qui représente la FTQ-Construction. L’avocat lui-même a eu maille à partir avec la juge France Charbonneau.

Ken Pereira, ancien directeur de la section locale des mécaniciens industriels à la FTQ-Construction, est celui qui a levé le voile sur les allocations de dépenses de Jocelyn Dupuis, ancien directeur général de la FTQ-Construction.

Lorsqu’il a été contre-interrogé par Me Denis Turcotte, M. Pereira a admis qu’il avait volé les reçus en s’introduisant dans le bureau du comptable de la FTQ-Construction en son absence.

Et M. Pereira a même admis qu’il avait tenté d’y pénétrer une seconde fois, en vain, pour tenter d’obtenir les reçus de «Serge Dupuis, Robert Paul et tous les autres directeurs qui avaient le même système que Jocelyn Dupuis».

L’avocat de la FTQ-Construction a si souvent martelé le mot «voleur» que c’est le procureur de la commission, Me Simon Tremblay, qui s’est levé, dénonçant le fait que Me Turcotte voulait «continuer à cracher sur le témoin» en le traitant à répétition de voleur.

Mais M. Pereira s’est empressé d’ajouter que Jocelyn Dupuis était celui qui avait «volé» les travailleurs pendant des années, en ayant un train de vie exagéré.

«Jocelyn Dupuis, ce n’est pas un collègue. La raison qu’il y a des commissions (d’enquête), c’est à cause des gars comme lui», a tonné M. Pereira.

Il a admis qu’il détestait Jocelyn Dupuis, que ce dernier voulait le tasser. Il a avoué qu’il a déjà monté le ton à son endroit.

Il a notamment soutenu qu’à la suggestion de Jocelyn Dupuis et d’un avocat, il s’était mis à enregistrer des entrepreneurs, pour étayer ses doléances voulant que ses membres mécaniciens industriels étaient l’objet de discrimination dans l’embauche et ne parvenaient pas à trouver du travail.

«J’ai levé le ton avec Jocelyn Dupuis et pas à peu près. Jocelyn Dupuis, devant tout l’exécutif, m’a dit: ‘toi, là, la raison que personne t’engage, c’est parce que tu enregistres’. Moi je lui ai dit: ‘mon trou-de-cul, c’est toi qui m’as demandé pour enregistrer’. Et là, on a levé le ton. Mais comme il a perdu, comme il n’était pas ‘backé’ par ses Hells et sa mafia, il a fermé sa gueule», a affirmé M. Pereira.

Le témoin et l’avocat de la FTQ-Construction se sont si souvent interrompus que la juge France Charbonneau a dû intervenir: «laisse-le terminer sa réponse, maître Turcotte», a-t-elle lancé.

M. Pereira a noté que quand il a montré les reçus de Jocelyn Dupuis à d’autres responsables de la FTQ-Construction, certains se sont montrés outrés, mais ont changé de version après coup.

Il a déploré la «complicité» de ceux qui ont approuvé les dépenses «farfelues» de Jocelyn Dupuis. «Quand je les ai confrontés avec les factures et les reçus, vous savez ce qu’ils m’ont dit? Que Jocelyn Dupuis était le plus gros voleur de la FTQ. Et merci pour ce que tu as fait. Mais après, quand ils se sont fait menacer, ils ont changé leur fusil d’épaule», a dénoncé M. Pereira.

Pitbull

La juge Charbonneau a aussi voulu savoir pourquoi Me Turcotte cherchait tant à démontrer à quel point M. Pereira pouvait devenir «agressif». Elle a dit être déjà convaincue du fait que M. Pereira était capable de hausser le ton. «Et même si vous démontriez que M. Pereira est un pitbull?» lui a-t-elle demandé.

«Peut-être qu’un pitbull est moins crédible qu’un chihuahua», a rétorqué Me Turcotte.

M. Pereira a conclu qu’il n’a «jamais crié après quelqu’un qui ne le méritait pas».

Me Turcotte a tenté de lui faire dire qu’il était prêt à n’importe quoi pour sortir Jocelyn Dupuis de la FTQ-Construction, mais M. Pereira a rétorqué qu’il le faisait pour aider ses membres, pour que la vérité prévale.

L’avocat lui a aussi demandé s’il s’était déjà battu avec d’autres hommes, lors d’une fête de Noël ou lors d’un tournoi de golf. M. Pereira a nié.

Le procureur lui a aussi demandé s’il s’était battu avec un délégué de chantier de la section locale des mécaniciens industriels du Conseil provincial, sur le chantier du métro de Laval. M. Pereira l’a nié, affirmant l’avoir simplement «tassé» parce qu’il lui bloquait l’entrée et qu’il lui avait préalablement demandé de se tasser, en vain.

La juge Charbonneau s’est encore lassée de ces questions de Me Turcotte, lui demandant «où voulez-vous en venir?».

Puis la juge s’est encore indignée du fait que l’avocat de la FTQ-Construction interroge le témoin sur l’existence de chèques qu’il aurait adressés et d’une lettre qu’il aurait signée, mais sans en avoir au préalable informé le procureur de la commission, comme le stipulent les règles de la commission. M. Pereira ne se souvenait pas d’avoir écrit la lettre que Me Turcotte citait.

La journée a justement pris fin quand la juge a demandé à Me Turcotte de suivre les règles et de déposer devant les procureurs de la commission les documents sur lesquels il voulait interroger le témoin. Et elle l’a aussi prévenu sur un ton ferme qu’elle ne lui permettrait plus de poser des questions portant sur des documents qu’il ne montre pas au témoin et qu’il n’a pas montré aux procureurs de la commission au préalable.

Interrogé par le commissaire Renaud Lachance, M. Pereira a répété que le président de la FTQ, Michel Arsenault, était «scandalisé» quand il lui a montré les reçus de Jocelyn Dupuis. M. Arsenault voulait agir et se débarrasser de Jocelyn Dupuis, a redit M. Pereira.

Fait nouveau: lors de cette même conversation, Michel Arsenault lui aurait alors dit que Jocelyn Dupuis voulait se débarrasser de René Roy. Or, René Roy était secrétaire général de la centrale syndicale, soit le numéro deux de la FTQ après Michel Arsenault. Il siégeait également au Fonds de solidarité.

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