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Des électriciens cantonnés à certains secteurs

Photo: www.ceic.gouv.qc.ca

MONTRÉAL – Des ententes non écrites ont existé entre d’anciens dirigeants syndicaux rivaux cantonnant les électriciens à certains secteurs de l’industrie de la construction selon le syndicat dont ils étaient membres.

C’est ce qu’a rapporté Daniel Gagné, le nouveau président du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (international), à la Commission Charbonneau, mardi.

M. Gagné avait eu vent de cette répartition secrète en 2010, décidée en haut lieu, notamment par son propre patron de l’époque, Donald Fortin. M. Fortin était alors directeur général du Conseil provincial et M. Gagné dg adjoint.

L’entente aurait eu pour effet de cantonner les électriciens syndiqués au Conseil provincial aux secteurs commercial et résidentiel, alors que les électriciens de la FTQ, syndiqués à la FIPOE (Fraternité interprovinciale des ouvriers en électricité) auraient gardé la mainmise sur le secteur industriel. La FIPOE représente la grande majorité des électriciens au Québec.

Arnold Guérin, directeur de la FIPOE, avait lancé lors d’une réunion: «laisse-moi l’industriel, puis occupe-toi du commercial, puis du résidentiel. Tu vas voir que tu n’auras pas de problèmes», a rapporté le témoin Gagné.

Des dirigeants du Conseil provincial et de la FIPOE s’étaient alors réunis pour discuter du problème qu’avait le Conseil provincial à faire embaucher ses électriciens sur un chantier d’Ultramar à Québec, où les électriciens syndiqués à la FIPOE étaient omniprésents.

Arnold Guérin, de la FIPOE, aurait aussi lancé à un représentant du Conseil provincial: «tu n’es pas au courant des ententes verbales avec Gérard Cyr et Donald Fortin?»

M. Gagné, qui assistait à la rencontre, n’y comprenait rien. Il a rapporté la conversation à son patron, M. Fortin, même si celui-ci était directement mis en cause par ces ententes verbales. M. Fortin lui a répondu: «occupe-toi pas de ça; je m’en occupe».

Ces ententes non écrites concernaient non seulement Donald Fortin, mais aussi Gérard Cyr, le puissant gérant d’affaires de la section locale 144 des tuyauteurs, qui allait plus tard devenir président par intérim du Conseil provincial.

Certains appelaient M. Cyr «le parrain», a noté M. Gagné, ajoutant que cela ne lui déplaisait même pas.

M. Gagné a assuré que personne au Conseil provincial ne savait que M. Cyr aurait touché des pots-de-vin, selon le témoignage entendu de la bouche de Serge Larouche, de l’entreprise Ganotec, devant la Commission Charbonneau.

Quant aux ententes concernant la répartition des ouvriers selon le secteur, M. Gagné n’a pas entendu parler d’ententes similaires à celle des électriciens pour d’autres métiers de la construction.

L’avocat de la FTQ-Construction, Me Robert Laurin, a toutefois tenté de démontrer que dans les cas où c’était le syndicat du Conseil provincial qui était majoritaire, il se peut bien que ce soit les syndiqués de la FTQ-Construction qui aient été victimes de cette discrimination et que M. Gagné n’ait donc pas entendu de doléances.

Me Laurin a cité en exemple le cas de Ken Pereira, dont les mécaniciens industriels affiliés à la FTQ-Construction n’arrivaient plus à trouver du travail au Québec, parce que le Conseil provincial représente la majorité des mécaniciens industriels.

M. Gagné a martelé que les problèmes rencontrés au Conseil provincial avec Gérard Cyr ou Donald Fortin étaient limités aux individus, non à l’organisation syndicale ou à ses structures. Selon lui, un vent de renouveau a soufflé sur le Conseil provincial, qui prône maintenant la transparence et qui règle les problèmes quand il en est informé.

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