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Commission: l’usine de St-Gilles sous la loupe

Photo: ceic.gouv.qc.ca

MONTRÉAL – La Commission Charbonneau s’est penchée jeudi sur le cas de l’usine d’épuration des eaux de Saint-Gilles de Lotbinière et du comportement de trois ingénieurs, un dossier complexe fait de surfacturation et de falsification de bordereaux, qui a engagé plusieurs millions de dollars en deniers publics.

Des 11,7 millions $ que valait le projet d’usine d’épuration, de bassin de rétention, d’égouts et d’aqueduc, 9,5 millions $ provenaient de fonds publics, à savoir des subventions des ministères des Affaires municipales et des Transports.

Pourtant, aucun des deux ministères n’avait de surveillant sur place, au chantier, a indiqué le syndic adjoint de l’Ordre des ingénieurs du Québec, André Prud’homme.

C’est la firme de génie-conseil BPR qui s’occupait des plans et devis, ainsi que de la surveillance du chantier, allant jusqu’à rédiger les résolutions pour la petite ville de 1800 âmes et les demandes de subventions.

Le syndic adjoint a indiqué qu’entre 500 et 575 demandes de changement ont été formulées durant le projet pour des travaux supplémentaires, a-t-il précisé. «C’est énorme», a admis l’ingénieur d’expérience.

Les bordereaux de soumission étaient sciemment déséquilibrés, en gonflant par exemple la quantité d’un produit plus facilement payable aux dépens d’un autre. Une «réserve budgétaire» a également été créée à l’aide de ces ponctions faites ça et là.

Était-il possible de détecter le stratagème? «C’est bien fait. C’est très bien fait», a conclu le syndic adjoint, qui a avoué d’emblée que sans une délation au départ, l’Ordre des ingénieurs ne serait pas parvenu à étayer sa preuve.

Au bout du compte, on ignore ce qu’il est advenu d’une somme de 200 000 $.

Le syndic adjoint a mené une enquête d’une durée de deux ans. Trois ingénieurs de BPR, Marie-Claude Gagnon, Bernard Moreau et Jean-François Rioux, ont plaidé coupable devant leur ordre professionnel.

M. Prud’homme n’a pu déterminer qui a profité du stratagème, puisque son travail se limitait à enquêter sur le comportement des membres de l’Ordre des ingénieurs.

Il a demandé à Mme Gagnon pourquoi elle avait agi ainsi. Elle a répondu l’avoir fait par «raccourci administratif».

Mme Gagnon lui a également mentionné que «c’était une pratique courante chez BPR dans le temps» d’agir ainsi. Elle a ajouté qu’«ils n’étaient pas les seuls à pratiquer cette façon de faire, ce système-là, que c’était une pratique courante dans l’industrie», a rapporté M. Prud’homme.

Le syndic adjoint de l’Ordre des ingénieurs a voulu aller plus loin. «Il y a eu des demandes d’information de différents corps policiers dans ce dossier-là», a-t-il signalé.

«Il y a des pratiques qui sont inacceptables et qui le seront toujours. Et même si les moeurs ou la culture d’une société change, considérant que les firmes d’ingénierie jouent un rôle-clé _ et on l’a démontré ici _ ça, ça sera toujours inacceptable. Il faut que ces gens-là soient impartiaux; il faut que ces gens-là soient droits», a commenté M. Prud’homme.

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