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Exclusif: Promotion pour un col blanc ayant reçu des pots-de-vin

Exclusif. Après un témoignage à la commission Charbonneau où il a reconnu avoir reçu moult pots-de-vin, le col blanc Michel Paquette a récemment été promu.

Le directeur des ressources humaines à la Ville de Montréal, Danny Boudreault, défend cette décision. «Ça peut choquer l’oreille quand on écoute la commission Charbonneau, mais nous ne pouvons pas baser nos actions sur des perceptions […]. Nous avons mené une enquête, et il n’y avait pas de preuves suffisantes de corruption», affirme à Métro M. Boudreault, qui dirige de façon intérimaire le Service du capital humain depuis mars. Ce dernier a appris il y a peu de temps que le surveillant de chantier Michel Paquette, qui a témoigné les 14 et 15 novembre 2012 à la commission, a obtenu une promotion et est devenu chef d’équipe le 18 janvier dernier.

«Je ne suis pas le parcours de chaque employé», concède M. Boudreault, estimant que c’est aux gestionnaires de s’assurer que les promotions sont conformes aux règles. Ce qui, affirme-t-il, est le cas en ce qui concerne M. Paquette. «Pour pouvoir l’extraire du processus, il aurait fallu prouver qu’il ne répond pas aux exigences du poste… mais c’est lui qui a le plus d’ancienneté, et il a réussi les examens», rapporte-t-il.

Rappelons que M. Paquette, qui a admis durant son témoignage avoir reçu beaucoup de cadeaux d’entrepreneurs, comme des repas au restaurant, des parties de golf, des billets de hockey et des bouteilles de vin, a affirmé n’avoir jamais fait bénéficier ces personnes de retours d’ascenseur. Pourtant, d’autres témoins-clés à la commission, dont Lino Zambito et Gilles Surprenant (monsieur TPS), l’ont montré du doigt, affirmant qu’il était au courant des extras réclamés par les entreprises.

Dans la foulée de ces allégations, la Ville de Montréal avait suspendu M. Paquette, ainsi que deux de ses collègues, afin de mener une enquête. «Dans ses versions, il nous mettait en face de contradictions. On a fouillé. Mais quand tu ne trouves pas de preuves, même si tu cherches beaucoup… tu ne peux pas démontrer les choses, donc à un moment donné, tu arrêtes l’enquête», explique M. Boudreault. Conséquemment, en février 2013, alors que les deux autres employés suspendus étaient congédiés, M. Paquette a été blanchi, écopant toutefois d’une suspension disciplinaire additionnelle sans salaire de trois mois pour avoir reconnu qu’il avait contrevenu au code d’éthique en acceptant des pots-de-vin. «Les avocats qui accompagnaient les fonctionnaires ont décidé que cette suspension suffisait», ajoute le directeur, refusant de donner son opinion sur la mesure disciplinaire.

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La Ville enquêtera
Après s’être abstenu de tout commentaire depuis un mois, le cabinet du maire a signalé à Métro dimanche que le directeur général de la Ville de Montréal, Alain Marcoux, investiguera sur les circonstances ayant mené à cette nomination. «Le maire a mandaté la direction générale pour qu’elle se penche sur le processus ayant conduit à la promotion de Michel Paquette», a indiqué l’attachée de presse de Denis Coderre, Andrée-Anne Toussaint. C’est par l’intermédiaire du leader de l’opposition officielle, Marc-André Gadoury, que l’administration Coderre a été mise au fait du dossier, lors du conseil municipal du 25 mars.

Le processus de promotion de M. Paquette s’est déroulé entre les mois de novembre et de décembre 2013, ce qui correspond à l’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration. Toutefois, le nouveau DG de la Ville, Alain Marcoux, n’est entré en poste qu’en janvier 2014. Ce dernier devra donc interroger les gestionnaires qui ont décidé de réintégrer M. Paquette, après une enquête interne qui l’a blanchi. «[Notre] ad­ministration a pris connais­sance du rapport d’enquête, et il soulève des questions quant à la promotion subséquente de cet individu», a ajouté Mme Toussaint. Métro n’a pas pu mettre la main sur le rapport d’enquête, qui est confidentiel.

Michel Paquette en quelques dates:

  • Novembre 2012. Michel Paquette témoigne à la commission Charbonneau et admet avoir reçu des pots-de-vin d’entrepreneurs, avoir été sollicité à faire de la corruption, et se doute qu’un système collusionnaire était en place.
  • Mars 2013. Suspendu le temps que le contrôleur général mène une enquête sur lui, M. Paquette est blanchi. Reconnaissant qu’il a brimé le code d’éthique en acceptant des pots-de-vin, les avocats de la Ville suggèrent comme mesure disciplinaire de le suspendre sans solde durant trois mois.
  • Novembre 2013. Quelques mois après avoir réintégré ses fonctions, M. Paquette postule pour un nouveau poste. Il réussit les examens. Ayant le plus d’ancienneté parmi les candidats, il est sélectionné.
  • Janvier 2014. Il est officiellement promu à titre de chef d’équipe des surveillants de chantier.

La fiche qui confirme la promotion de Michel Paquette, fournie par le leader de Projet Montréal, Marc-André Gadoury, qui demande au maire de rendre publics les rapports de l’enquête ayant blanchi M. Paquette:

ACTU - Michel Paquette promotion

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