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Les gestionnaires de projet proposent des solutions

Photo: pmimontreal.org

MONTRÉAL – Les gestionnaires de projet professionnels estiment que leur expertise fait partie de la solution aux problèmes de corruption et de collusion dans l’octroi de contrats publics.

La plus grande association professionnelle en gestion de projet au Québec, PMI-Montréal, a déposé mercredi devant la Commission Charbonneau un mémoire dans lequel elle dresse ses constats face à ces problèmes et formule une série de recommandations pour les endiguer.

L’organisme note par exemple que la gestion en silos de différentes portions d’un grand projet fait en sorte que personne n’a de vision globale et intégrée de l’ensemble de ce qui doit être fait.

Il dénonce aussi l’absence de transparence sur les portefeuilles de projet, le manque de données sur la performance des projets et le fait d’octroyer des contrats au plus bas soumissionnaire, ce qui encourage la facturation d’extras.

«Les gens soumissionnent juste assez sur la ligne pour rencontrer le minimum requis par le client. Ça amène souvent des vices dans la réalisation et c’est plus facile de s’entendre pour faire de la collusion et décider qui aura le contrat», a expliqué le président de PMI-Montréal, Benoît Lalonde.

Mais surtout, il croit qu’on ne peut plus confier la gestion d’un projet à la firme qui le réalise puisqu’il s’agit là d’un conflit d’intérêts évident.

L’organisme, qui regroupe plus de 3700 gestionnaires de projet au Québec, recommande sans surprise de confier les projets à un gestionnaire indépendant qui aura la responsabilité de l’ensemble de la réalisation et qui serait imputable à celui qui donne le contrat plutôt qu’à la firme qui réalise les travaux.

«Idéalement, le gestionnaire de projet devrait être indépendant pour que le donneur d’ordres et le donneur d’ouvrage soient différents, fait valoir M. Lalonde. Le client serait représenté par un chef de projet, un chef d’orchestre qui verrait à l’exécution du projet au complet et qui serait imputable non pas à la firme qui réalise le projet mais bien au client qui paye.»

Il suggère aussi, notamment, de faire une plus grande place à la gestion de risque, de resserrer les contrôles en ce qui a trait aux extras et de ne plus octroyer les contrats au plus bas soumissionnaire.

De plus, PMI-Montréal propose de créer une banque de données centralisée sur les coûts, les délais et la performance des fournisseurs que pourront consulter les donneurs de contrats.

Les membres de PMI-Montréal ont reçu une formation spécialisée en gestion de projet. Benoît Lalonde fait valoir qu’ils sont soumis à un code d’éthique et de déontologie, bien qu’il souhaiterait un jour voir un ordre professionnel créé pour la profession.

«Nous n’avons pas d’ordre professionnel et le gouvernement n’est pas enclin à créer d’autres ordres professionnels pour le moment. Mais nous avons une association professionnelle et nous offrons une certification PMP (Projet management professional) à la suite d’une formation», dit-il.

«Depuis 30-40 ans, la culture c’est de prendre un ingénieur, de le parachuter gestionnaire de projet sans formation, sans outils, et on lui dit de s’arranger pour que ça marche. On ne peut plus gérer des projets comme ça», tranche M. Lalonde.

Fait à noter, la certification de gestionnaire de projet professionnel ne s’adresse pas qu’aux ingénieurs mais à de nombreuses professions, notamment aux architectes, avocats et informaticiens, par exemple.

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