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CEIC: Bibeau affirmait être conseiller du p.m.

Photo: ceic.gouv.qc.ca

MONTRÉAL – Le collecteur de fonds du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, se serait présenté comme conseiller du premier ministre Jean Charest, même s’il ne l’a jamais été. De plus, avant que les libéraux prennent le pouvoir, il aurait sollicité une firme de génie en laissant entendre qu’il pouvait influencer l’octroi des contrats à Hydro-Québec.

Ces révélations ont été faites mardi à la Commission Charbonneau par un ancien président de la firme de génie RSW, Georges Dick.

Selon l’ingénieur, Marc Bibeau serait même venu le voir une fois en limousine.

M. Dick a d’abord relaté que vers octobre ou novembre 2002, donc peu avant l’élection d’avril 2003 qui a porté les libéraux au pouvoir, Marc Bibeau est venu le voir pour lui demander de l’argent.

«Il nous a expliqué qu’il s’occupait du financement auprès des entreprises, que bientôt le Parti libéral prendrait le pouvoir, que lui serait en position pour influencer l’octroi des contrats, et que déjà certaines des firmes qui avaient contribué à sa demande lui avaient demandé des contrats que RSW obtenaient d’Hydro-Québec», a relaté le témoin.

M. Bibeau a même évoqué des montants de 60 000 $, 70 000 $ ou 80 000 $ qu’il espérait recueillir.

«J’étais surpris qu’il dise qu’il était conseiller de M. Charest et qu’il parlait de trafic d’influence, finalement. Il suggérait qu’il pouvait diriger les contrats, puis en enlever et en redonner», a ajouté le témoin, qui a lui-même été membre du Parti libéral.

M. Dick était inquiet parce que sa firme spécialisée en génie électrique était hautement dépendante des contrats d’Hydro-Québec.

Plus tard, M. Dick a voulu se rassurer en en parlant à Thierry Vandal, aujourd’hui pdg d’Hydro-Québec, qui était alors numéro deux de la société d’État. «Je lui ai dit: ‘écoute, il y a des gens de Québec qui nous sollicitent pour de l’argent pour qu’on garde nos contrats à Hydro-Québec. Qu’est-ce que tu penses de ça?’»

Comme M. Vandal ne semblait pas comprendre la provenance de ces propos, M. Dick lui a précisé que ça venait «des gens de l’entourage de M. Charest».

Et M. Vandal lui a répondu: «Georges, occupes-toi pas de ça, Québec n’intervient pas dans l’octroi des contrats pour des firmes comme la tienne. Tu n’as pas à t’occuper de ces affaires-là», a rapporté le témoin.

M. Dick a eu d’autres rencontres avec M. Bibeau après que les libéraux soient parvenus au pouvoir.

«Il y a une occasion où il avait comme une petite carte d’affaires où c’était marqué conseiller du premier ministre ou quelque chose comme ça. Il y avait un petit logo, un drapeau du Québec. Ça avait l’air d’une carte qui émanait vraiment du bureau du premier ministre. Un moment donné, il était en limousine», a relaté M. Dick.

Il affirme que c’est lors des audiences de la commission qu’il a appris que M. Bibeau n’a jamais occupé cette fonction de conseiller du premier ministre.

En soirée, M. Bibeau a publié un communiqué pour nier «catégoriquement» le témoignage de Georges Dick . Il a déclaré ne s’être jamais représenté comme détenant une charge gouvernementale, de n’avoir jamais eu une carte d’affaire du gouvernement, de n’avoir jamais utilisé une limousine du gouvernement, et de n’avoir jamais promis quelque faveur que ce soit à quiconque en retour d’une contribution politique, encore moins menacé quiconque de perdre une faveur à défaut d’une contribution politique.

Caillé

Avant lui, un ancien pdg d’Hydro-Québec de 1996 à 2005, André Caillé, a lui aussi relaté un événement impliquant Marc Bibeau. Il a indiqué à la commission que M. Bibeau a déjà demandé d’obtenir des informations sur l’octroi des contrats d’Hydro-Québec à des firmes de génie-conseil.

La juge France Charbonneau a voulu en connaître davantage sur la demande de M. Bibeau à Hydro-Québec. «Ça l’était, et ça le reste pour moi aussi, nébuleux, madame. Ce que j’en sais (de ce qu’il voulait savoir), c’était de l’information sur l’octroi de contrats par Hydro-Québec aux entreprises de génie-conseil. Est-ce que c’était qui va avoir quoi ou qui a eu quoi ou des tableaux?» Il n’a pu le dire.

De façon plus générale, M. Caillé a assuré qu’il n’a vu ni corruption ni collusion durant ses années à Hydro-Québec, soit de 1996 à 2005. «Je pense qu’il n’y a pas de collusion, je suis convaincu qu’il n’y a pas de collusion à Hydro-Québec», a-t-il dit.

Dans le cadre de son témoignage, il a cherché à démontrer qu’Hydro-Québec s’était doté de moyens suffisants pour combattre toute velléité de collusion, parmi lesquels une grande compétence à l’interne.

«Un donneur d’ouvrage doit toujours avoir un service d’ingénierie, soigner la compétence de ces gens-là, pour avoir et demander une évaluation du prix après l’étude préliminaire faite par ses services. La gestion des projets de construction, ça se fait à la maison, ça, on ne confie pas ça aux autres», a-t-il plaidé.

Un autre témoin relié au volet Hydro-Québec sera entendu mercredi par la commission.

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