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Des personnes handicapées revendiquent leur droit de vote

Photo: Archives Métro

Des dizaines de personnes handicapées ont perturbé le conseil municipal de Montréal, lundi matin, pour revendiquer l’accessibilité universelle aux bureaux de scrutin lors des élections de novembre.

Cette manifestation était organisée par le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), qui a rendu publique une décision de la Commission des droits de la personne en faveur de la présidente de l’organisme, Linda Gauthier. Cette dernière n’avait pas pu voter aux élections municipales de 2009 parce que son bureau de vote n’était pas accessible de façon sécuritaire.

À la suite d’une plainte de cette dernière, la Commission a jugé que la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités devait être modifiée afin d’assurer que toutes les personnes handicapées puissent exercer leur droit de vote.

Environ 82% des bureaux de scrutin étaient identifiés comme accessibles lors des élections de 2009, d’après la Ville de Montréal. Mais le RAPLIQ juge qu’un grand nombre de ces endroits ne sont pas réellement aménagés de façon sécuritaire. Celui où s’était présenté Mme Gauthier en 2009 était d’ailleurs identifié comme étant accessible, mais ne l’était pas en pratique.

Le RAPLIQ et ses supporteurs demandent donc que 100% des bureaux de votes soient faciles d’accès. Comme ils reconnaissent que cet objectif sera difficile à atteindre pour le 3 novembre, ils suggèrent que des accommodements soient accordés à ceux qui le demandent. «On peut par exemple sortir une table et un isoloir à l’extérieur ou au rez-de-chaussée, là où se trouve la personne», estime Mme Gauthier.

Plusieurs personnes présentent à l’hôtel de ville ont raconté s’être fait refuser de telles demandes, à l’instar de Mme Gauthier. «Ce sont des solutions faciles qui ne sont pas favorisées. On ne peut même pas être redirigé vers un autre bureau de vote. Les personnes handicapées sont ainsi privées de leur droit fondamental de pouvoir voter», a déploré Nicolas Steenhout, directeur général du regroupement Vivre dans la dignité.

Laurence Parent, vice-présidente du RAPLIQ, croit que cette décision de la Commission poussera les élus à adopter des mesures concrètes et contraignantes pour faire changer les choses. «Ça met de la pression supplémentaire, une pression sérieuse», a souligné Mme Parent.

La Commission pourrait intenter des procédures judiciaires contre le ministre des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, Sylvain Gaudreault, si des mesures ne sont pas prises avant le 4 octobre. M. Gaudreault n’a pas été rejoignable.

Le porte-parole du président d’élections à Montréal, Pierre G. Laporte, a assuré que du budget avait été dégagé et que du travail avait été fait avec une société privée dans le but d’identifier des lieux plus accessibles pour accueillir les bureaux de scrutin et pour aménager des rampes d’accès temporaires à certains endroits. «Le ratio de bureaux accessibles va s’approcher beaucoup plus de 100% qu’en 2009», a assuré M. Laporte. Le fruit de ces efforts sera divulgué mercredi au comité exécutif.

Les candidats aux élections municipales sont sympathiques à la cause
Des représentants des partis politiques municipaux ont tenu à exprimer leur soutien face aux revendications du RAPLIQ. «Ma mère a été paraplégique pendant presque toute ma vie. Je suis la personne la plus sensible sur ce sujet-là», a fait valoir le chef de Projet Montréal Richard Bergeron.

Anie Samson, de l’Équipe Denis Coderre, a souligné que sa mère était aussi en chaise roulante. «Un spécialiste en accessibilité universelle devrait être nommé dans chaque arrondissement, afin que cette accessibilité devienne la norme pour toutes les infrastructures», a-t-elle suggéré.

Louis Harel, candidate de la Coalition Marcel Côté, a quant à elle rappelé qu’elle avait déposé une motion visant l’accessibilité universelle des bureaux de vote, adoptée au conseil le 17 décembre 2012.

«On a intégré ce principe à notre plateforme, a de son côté souligné Mélanie Joly, chef du parti Vrai changement pour Montréal. On doit bien planifier nos villes en fonction des critères d’accessibilité universelle, contrairement à ce qui a été fait pour des projets passés comme le Quartier des spectacles.»

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