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Magnotta: une conservatrice haut placée a témoigné

Photo: The Canadian Press

MONTRÉAL – Au procès de Luka Rocco Magnotta, lundi, la chef de cabinet adjointe du premier ministre Stephen Harper est venue raconter le jour où elle a reçu à Ottawa le colis qui contenait, a-t-elle appris plus tard, un pied de Jun Lin, l’étudiant chinois que l’accusé a admis avoir tué, puis démembré.

Jenni Byrne était alors directrice des opérations politiques des conservateurs, ce 29 mai 2012, lorsqu’un colis partiellement ouvert est arrivé au siège du parti à Ottawa. Mme Byrne a raconté aux jurés qu’elle a commencé à l’ouvrir complètement, en retirant du papier mince rose et un sac à ordures noir, avant de découvrir finalement un sac cadeau noir.

C’est en coupant avec un ciseau le haut du sac cadeau qu’une odeur pestilentielle a assailli Mme Byrne. Avant même d’aller plus loin, elle a demandé à son assistante d’appeler la police, parce que «quelque chose n’allait pas» dans tout ça. Elle n’aura finalement jamais vu que le sac contenait un pied humain.

Magnotta a gardé la tête baissée, lundi, lorsque la Couronne a montré aux jurés des photos du pied contenu dans le colis, mais aussi de la main gauche de Jun Lin qui avait été envoyée par colis aux bureaux nationaux du Parti libéral du Canada à Ottawa. Ce colis avait cependant été intercepté dans un établissement postal de la capitale avant d’atteindre sa destination finale. Les deux colis portaient la même adresse de retour: une certaine «Renée Bordelais».

M. Harper a été avisé de la situation, a précisé Mme Byrne. Elle dit avoir éventuellement parlé à Nigel Wright, chef de cabinet du premier ministre à l’époque, lorsqu’elle a été autorisée par la police à quitter les lieux, une heure et demie plus tard. Elle a aussi indiqué que M. Harper était à Ottawa ce jour-là, mais elle n’est pas sûre où se trouvait la femme du premier ministre.

Car Mme Byrne a aussi expliqué que la «Laureen Teskey» dont faisait mention une note retrouvée dans le colis faisait référence à la femme du premier ministre — Teskey est le nom de jeune fille de Mme Harper. Mais elle n’a pu identifier lire le deuxième nom qui apparaissait en surimpression sur la note rose adressée aux conservateurs.

Theresa Kelm, détective de l’Unité des crimes majeurs du Service de police d’Ottawa, a révélé plus tard que le nom Neil Fenton était inscrit sur le papier et qu’il s’agissait du premier mari de Mme Harper.

Le jury a aussi entendu le témoignage d’un inspecteur de police de Montréal qui a parcouru une carte mémoire d’une caméra vidéo jetée dans les déchets de Magnotta. Panagiotis Sarganis y a retrouvé 15 vidéos et 505 photos. Plusieurs images de la carte mémoire ont été présentées dans la fameuse vidéo présumée du meurtre publiée sur Internet en mai 2012.

M. Sarganis a pu évaluer que la vidéo avait été filmée le 25 mai 2012.

De plus, les enquêteurs ont découvert que certains documents de la carte avaient été ouverts sur l’ordinateur portable de Magnotta, qui a été saisi lors de son arrestation à Berlin en juin 2012.

M. Sarganis poursuivra son témoignage plus tard cette semaine.

Plus tôt en matinée, lundi, l’employé d’un comptoir postal du centre-ville de Montréal est venu confirmer, grâce aux caméras de surveillance et aux reçus, que Magnotta avait envoyé deux colis à Vancouver trois jours plus tôt, le 26 mai 2012, avant de prendre l’avion pour l’Europe.

Vendredi dernier, les deux personnes dont le nom figurait sur les colis à titre d’expéditeur sont venus témoigner qu’ils n’avaient jamais envoyé de paquets à Vancouver. Il s’agit du fils de l’ancien premier ministre Jean Chrétien, Hubert, et de la soeur de la meurtrière Karla Homolka, Logan Valentini.

Magnotta fait face à cinq accusations: meurtre prémédité, outrage à un cadavre, harcèlement criminel du premier ministre Stephen Harper et d’autres députés fédéraux, production de matériel obscène, et utilisation de la poste pour envoyer du matériel obscène. Il a admis les actes criminels qu’on lui reproche mais son avocat plaidera l’aliénation mentale.

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