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Procès Magnotta: derniers témoins de la Couronne

Photo: The Canadian Press

MONTRÉAL – Alors que le procès de Luka Rocco Magnotta amorçait sa cinquième semaine, lundi à Montréal, la Couronne a fait entendre le témoignage d’un expert en balistique relativement aux six outils retrouvés dans les ordures derrière l’immeuble de l’accusé, de même qu’à des marques observées sur des os de la victime.

Gilbert Desjardins a indiqué que ces marques ne pouvaient être attribuées à l’un de ces outils en particulier, mais que des traces laissées par une lame de scie avaient été observées sur des vertèbres de Jun Lin. De plus, des marques qui semblent être celles d’un couteau ont été retrouvées sur des os.

Magnotta est accusé du meurtre prémédité et du démembrement de l’étudiant chinois de l’université Concordia. Il a admis les actes pour lesquels il est accusé, mais a plaidé non coupable, et son avocat offrira une défense d’aliénation mentale.

M. Desjardins était le dernier de la quarantaine de témoins de la Couronne à s’adresser en personne aux jurés; les autres témoignages de la poursuite, enregistrés en Europe l’été dernier, seront diffusés dans la salle d’audiences, ou seront livrés en direct de l’étranger par vidéoconférence.

C’était ainsi le cas, lundi, du Parisien Jean-Christophe Robert, qui avait rencontré Magnotta lorsque l’accusé a gagné la France après le meurtre, à la fin du mois de mai 2012. Les deux hommes s’étaient connus en ligne quelques semaines plus tôt sur le site gay PlanetRomeo. M. Robert a indiqué que Magnotta devait arriver le 4 juin — le jour où il a plutôt été arrêté à Berlin —, mais qu’il a finalement débarqué à Paris le 27 mai. Magnotta a passé la nuit chez le témoin, après une longue soirée à discuter.

Quatre jours plus tard, en lisant une dépêche sur son téléphone intelligent, M. Robert a finalement réalisé qui était ce «Luke» qui avait passé la nuit dans son appartement. Après une réaction initiale de panique, M. Robert a communiqué à la police le numéro du portable français de Magnotta et le nom de l’hôtel où il était descendu.

Durant le contre-interrogatoire l’avocat de Magnotta, Luc Leclair, a interrogé M. Robert sur ses habitudes de nudiste, suggérant qu’il aurait demandé à son invité de se déshabiller dans son logement.

Un policier français impliqué dans la chasse à l’homme de Magnotta à Paris a aussi livré son témoignage par vidéo.

Julien Miello avait parlé à un chauffeur de taxi qui avait reconduit l’accusé à un hôtel. Les policiers ont aussi pu retracer ses transactions bancaires et son téléphone cellulaire, qui a finalement été retrouvé dans les poubelles.

C’est M. Robert qui a aidé les enquêteurs français à trouver le deuxième hôtel où Magnotta a été hébergé. Ils ont retrouvé ses effets personnels et découvert qu’il s’était enfui vers Berlin.

Leur enquête s’est terminée lorsque Magnotta a été interpellé par les policiers allemands.

Les jurés ont aussi entendu cinq témoins d’une école de Vancouver, en lien avec les colis contenant des parties du corps de la victime.

Des responsables de l’école ont raconté qu’ils ont ouvert ces boîtes malodorantes, dans lesquelles ils ont découvert une main et un pied appartenant à M. Jun.

Plus tôt lundi matin, une avocate montréalaise est venue répondre aux questions concernant sa mère âgée, dont le nom et l’adresse de retour figuraient sur deux colis contenant des restes humains de Jun Lin et postés aux bureaux des partis conservateur et libéral à Ottawa.

Sylvie Bordelais a expliqué aux jurés que sa mère Renée, âgée de 81 ans, habitait dans les Antilles en mai 2012, et non à l’adresse inscrite sur les colis. Mme Bordelais n’a pas non plus reconnu l’écriture de sa mère, qui aurait de toute façon été incapable physiquement d’écrire quoi que ce soit, en raison de son état de santé, a-t-elle dit.

Magnotta fait face à cinq chefs d’accusation: meurtre prémédité, outrage à un cadavre, harcèlement criminel du premier ministre Stephen Harper et d’autres députés fédéraux, production de matériel obscène, et utilisation de la poste pour envoyer du matériel obscène.

La Couronne devrait conclure la présentation de sa preuve cette semaine, et la défense appellera ensuite ses témoins, peut-être même dès vendredi.

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