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Un psychiatre allemand témoigne au procès Magnotta

MONTRÉAL – Un psychiatre allemand qui a examiné Luka Rocco Magnotta en 2012, dans un hôpital de détention de Berlin après son arrestation, croit que l’accusé traversait un épisode lié à une présumée paranoïa schizophrénique.

Le docteur Thomas Barth a eu des rencontres quotidiennes avec Magnotta pendant une semaine, à partir du 11 juin 2012, lorsqu’il a été transféré dans son établissement.

M. Barth, qui a témoigné en personne mardi comme témoin de la défense lors du procès de Magnotta pour meurtre prémédité, a indiqué que l’accusé divaguait et sautait du coq à l’âne.

Le mandat d’arrestation pour Magnotta soulignait qu’il souffrait de schizophrénie.

M. Barth a précisé que son propre diagnostic de Magnotta en était un d’«épisode psychotique grave lié à une schizophrénie paranoïde soupçonnée». Le diagnostic de schizophrénie était «soupçonné», car un diagnostic confirmé de schizophrénie prend jusqu’à un mois d’évaluation. Magnotta n’est resté qu’une semaine à l’hôpital pénitentiaire avant d’être rapatrié au Canada.

Les psychiatres sont très prudents avant de poser un diagnostic de schizophrénie, a dit le docteur Barth, soulignant qu’il s’agit du plus grave diagnostic pour un patient dans son domaine et qu’il peut avoir un impact pendant longtemps.

Lors de leur première rencontre, l’accusé a confié au docteur qu’il entendait des voix — un symptôme-clé de la schizophrénie. Magnotta lui a dit qu’il «se sentait comme s’il y avait une radio à l’intérieur de sa tête».

Magnotta semblait timide, et il changeait de sujet presque chaque phrase. Il parlait de tout: de la peur d’être surveillé, de ses problèmes familiaux ou de ses ex-petits amis qui l’ont blessé, et même du premier ministre Stephen Harper.

«Cela est venu de nulle part, comme presque tout ce dont il discutait», a dit le docteur.

Il n’aurait toutefois jamais abordé le sujet du meurtre de Jin Lun. En fait, le docteur Barth ne lui a jamais posé de question sur le sujet, jugeant que ce n’était pas dans ses responsabilités.

Selon le psychiatre allemand, Magnotta:

– a dit qu’il avait eu un copain américain de 35 ans appelé Manny. Celui-ci était un proxénète qui l’a forcé à avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes, qui l’a battu et l’a obligé à faire des vidéos de bestialité.

– a affirmé qu’il était surveillé et filmé par une sorcière qu’il a éventuellement appelée Debbie. Durant leur première rencontre, il a demandé qu’une fenêtre soit fermée parce qu’elle était en train de regarder.

– a allégué qu’un autre ex-copain, appelé Robin, l’a forcé à prendre des stéroïdes et a tenté de l’empoisonner.

– Il a dit s’être toujours senti handicapé, a mentionné que son père était schizophrène et a ajouté qu’il détestait sa mère alcoolique.

Magnotta, âgé de 32 ans, est notamment accusé de meurtre prémédité et d’outrage à un cadavre en lien avec la mort et le démembrement de Jun Lin en mai 2012, dans son petit meublé du quartier Côte-des-Neiges, à Montréal. Il a ensuite fui à Paris et à Berlin, où il a été arrêté. Il a admis les gestes qui lui sont reprochés mais il a plaidé non coupable, et son avocat plaidera l’aliénation mentale.

Bien qu’il soit possible qu’un patient feigne des symptômes de psychose pour éviter la prison, le psychiatre allemand a affirmé qu’il était peu probable de jouer un tel rôle sur une longue période.

«Si vous êtes un bon acteur, ou si vous avez de l’expérience avec des patients psychiatriques vous pouvez le simuler», a-t-il ajouté.

M. Barth a dit que personne à l’hôpital allemand n’avait de doute que Magnotta souffrait bel et bien de schizophrénie, notant que certains employés semblaient avoir de la sympathie pour lui.

Questionné par l’avocat de la défense Luc Leclair sur le présumé sadisme sexuel de Magnotta, le psychiatre a indiqué que cela pouvait être lié à sa possible schizophrénie.

«Parfois, lorsqu’on doit faire face à des suspects atteints de schizophrénie, on ne peut pas expliquer pourquoi c’est devenu si violent et cruel»¸ a-t-il expliqué, précisant que six mois seraient nécessaires pour établir un diagnostic clair de sadisme sexuel.

Luka Rocco Magnotta fait face à quatre chefs d’accusation, en plus de celui de meurtre prémédité. Il est également accusé de harcèlement criminel envers le premier ministre Stephen Harper et d’autres députés, de production et de diffusion de matériel obscène et indécent, d’outrage à un cadavre et d’avoir posté du matériel indécent.

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