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Luka Rocco Magnotta ne témoignera pas à son procès

MONTRÉAL – La défense de Luka Rocco Magnotta, accusé du meurtre prémédité de l’étudiant chinois Jun Lin à Montréal, a terminé la présentation de sa preuve mardi sans témoignage de l’accusé, qui a reconnu les faits qui lui sont reprochés mais plaide la non-responsabilité criminelle pour cause d’aliénation mentale.

Me Luc Leclair a plutôt choisi de conclure sa présentation en se concentrant sur le témoignage de deux psychiatres, qui ont déclaré en cour que Magnotta était dans un état psychotique le soir du meurtre, en mai 2012.

Les psychiatres judiciaires Joel Watts et Marie-Frédérique Allard ont affirmé que Magnotta ne prenait pas de médicaments pour la schizophrénie depuis 2010 et qu’il n’était pas en mesure de distinguer le bien du mal.

Selon eux, Magnotta ne peut être tenu criminellement responsable du meurtre de Jun Lin.

Bien que l’accusé ait maintenu son droit au silence, son avocat a fait défiler une dizaine de témoins sur une période de deux semaines, dont son père biologique, qui souffre de schizophrénie paranoïde et qui a commencé à constater que son fils présentait des problèmes semblables quand celui-ci était adolescent.

Luka Rocco Magnotta, âgé de 32 ans, a plaidé non coupable aux accusations de meurtre prémédité, d’outrage à un cadavre, de production et distribution de matériel obscène, d’utilisation de la poste pour envoyer du matériel obscène et de harcèlement criminel.

À la neuvième semaine du procès, mardi, la Couronne a commencé à présenter des réfutations pour tenter de déconstruire la théorie de la psychose. La Couronne fait valoir que le meurtre et le démembrement de Jun Lin étaient prémédités.

Le procureur Louis Bouthillier a appelé un témoin «en contre-preuve», le psychiatre montréalais Joel Paris, qui a été le dernier médecin à avoir rencontré Magnotta avant le meurtre. Lors de cette consultation d’une heure tenue environ un mois avant le crime, le docteur Paris n’a observé aucun signe de schizophrénie ou de psychose prolongée chez Magnotta.

Le psychiatre avait plutôt diagnostiqué chez son patient un «trouble de la personnalité limite», qui, a-t-il soutenu mardi, correspond tout à fait aux symptômes décrits par Magnotta: humeur instable, marquée par des hauts et des bas, et relations interpersonnelles tendues. Ce diagnostic est fondé sur la seule consultation du 17 avril 2012, car le psychiatre n’a pas eu accès au volumineux dossier médical de Magnotta en Ontario. L’accusé lui avait été référé par un médecin d’une clinique sans rendez-vous.

Le docteur Paris a confirmé à Me Bouthillier qu’il n’avait pas inscrit au dossier les termes schizophrénie ou psychose maniacodépressive car rien ne pouvait le démontrer, considérant les informations dont il disposait à ce moment-là. Magnotta ne lui a pas demandé de médicaments particuliers, ne lui a pas dit qu’il entendait des voix et ne lui a pas révélé le diagnostic de schizophrénie paranoïde qu’il avait reçu une dizaine d’années plus tôt en Ontario.

L’accusé estimait que ses précédents problèmes de santé mentale relevaient d’un trouble bipolaire plutôt que de la schizophrénie, et pensait que les «bruits» qu’il entendait étaient causés par sa consommation de cocaïne.

Me Leclair a suggéré que le docteur Paris avait volontairement ignoré les signes de schizophrénie de Magnotta parce que le psychiatre est un expert du trouble de la personnalité limite. Le docteur Paris a plutôt affirmé qu’il manquait d’informations sur le patient et que toute conclusion fondée sur des informations partielles était révocable.

Le procès se poursuit mercredi.

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