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Magnotta trop bien organisé pour un schizophrène

MONTRÉAL – Au procès pour meurtre de Luka Rocco Magnotta, jeudi, le témoin psychiatre expert de la Couronne Gilles Chamberland a estimé que selon la preuve présentée au tribunal, le soin méticuleux apporté par l’accusé à ses nombreuses activités au lendemain du meurtre de Jun Lin n’est pas compatible avec la schizophrénie.

Témoignant toujours en contre-preuve pour la Couronne, le docteur Chamberland a indiqué que les schizophrènes sont généralement désorganisés, alors que Magnotta, en 48 heures, a démembré le corps de sa victime, disposé de ses membres, vidé son appartement et pris tous les arrangements pour un voyage en Europe. Selon le psychiatre, Magnotta a été au contraire «ultra-organisé» pendant ces deux jours.

Magnotta, âgé de 32 ans, a plaidé non coupable aux accusations de meurtre prémédité, d’outrage à un cadavre, de production et distribution de matériel obscène, d’utilisation de la poste pour envoyer du matériel obscène et de harcèlement criminel contre le premier ministre Stephen Harper et d’autres députés fédéraux.

L’accusé a reconnu être l’auteur des crimes qui lui sont reprochés, mais son avocat plaide la non-responsabilité criminelle pour cause de maladie mentale. La poursuite, elle, soutient que Magnotta avait prémédité les crimes.

Des psychiatres de la défense ont soutenu au procès que Magnotta était en état de psychose le soir du meurtre, qu’il n’était plus soigné pour sa schizophrénie depuis au moins deux ans et qu’il ne pouvait distinguer le bien du mal.

Le docteur Chamberland croit plutôt que Magnotta savait très bien ce qu’il faisait, et qu’il souffrait plus probablement de trouble de la personnalité, par lequel les patients adoptent des comportements dramatiques et recherchent l’attention. Selon lui, le psychiatre de la prison allemande qui avait établi un diagnostic de psychose, en juin 2012, a été berné par l’accusé.

Le docteur Chamberland s’est fié aux rapports de ses collègues parce que Magnotta a refusé de le rencontrer.

Il estime que le premier diagnostic de schizophrénie de l’accusé, apparu dans son dossier médical en 2001, était erroné, et que ses épisodes psychotiques étaient liés à la consommation de drogues.

Selon lui, le psychiatre allemand a conclu que Magnotta vivait une psychose seulement en se fondant sur ses propres déclarations sur sa présumée maladie et son histoire familiale. L’accusé s’est ainsi posé en victime et a minimisé sa consommation d’alcool et de drogues, estime le docteur Chamberland.

Il pense que Magnotta a présenté tous les éléments nécessaires pour s’assurer de recevoir un diagnostic de schizophrénie, alors que ce n’est pas du tout le cas, selon lui.

Il trouve d’ailleurs étrange que ses collègues psychiatres en soient arrivés à cette conclusion, alors que lui ne voit aucune preuve convaincante.

Le juge Guy Cournoyer a indiqué que la présentation de la preuve devrait s’achever au début de la semaine prochaine. Les jurés devraient ensuite entamer leurs délibérations à la fin de la deuxième semaine de décembre.

Le procès a été ajourné jusqu’à lundi prochain.

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