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L'expert de la Couronne remis en doute

MONTRÉAL – Au procès de Luka Rocco Magnotta, mercredi, l’avocat Luc Leclair a avancé que le témoin-expert de la Couronne n’avait pas consulté toutes les preuves avant de conclure que son client n’était pas atteint de schizophrénie.

Le psychiatre Gilles Chamberland a subi l’interrogatoire de l’avocat de la défense au sixième et dernier jour de son témoignage au procès de Magnotta, accusé de meurtre prémédité.

L’état mental de l’accusé est un élément clé de son procès, puisqu’il a déjà admis avoir tué et démembré l’étudiant chinois Jun Lin en 2012. Il plaide toutefois non coupable en raison de ses problèmes de schizophrénie.

Selon les psychiatres de la défense, lorsque l’accusé a perpétré son crime, il était en psychose et souffrait de schizophrénie, maladie qu’il ne traitait pas depuis au moins deux ans.

M. Chamberland considère que le diagnostic de schizophrénie de Magnotta, datant de 2002, est erroné. Il a ajouté que rien ne lui permettait de croire que l’accusé ne savait pas ce qu’il faisait. Le docteur de la Couronne estime que les troubles de la personnalité de Magnotta expliquent davantage son crime.

Me Leclair a demandé au docteur Chamberland comment il avait pu arriver à ce constat malgré les nombreuses mentions de schizophrénie dans le dossier médical de Magnotta.

De plus, selon lui, rien ne prouvait que Magnotta avait surconsommé de la drogue par le passé. Le psychiatre de la Couronne avait expliqué que les drogues pouvaient être à l’origine des psychoses de l’accusé.

Me Leclair a finalement reproché à M. Chamberland de ne pas avoir consulté directement les nombreux psychiatres, dont un qui avait suivi Magnotta pendant plusieurs années.

Le docteur Chamberland a répondu qu’il avait été embauché pour donner son opinion sur les différents documents des experts, dont celui du psychiatre Joël Paris. Ce médecin de Montréal avait été le dernier à rencontrer Magnotta, en avril 2012, et il n’avait pas découvert de signes de schizophrénie. L’accusé avait plutôt été diagnostiqué avec des troubles de personnalité.

M. Chamberland a indiqué qu’il trouvait l’hypothèse du docteur Paris plus plausible.

Le témoin-expert en était venu aux mêmes conclusions lorsqu’il avait accordé quelques entrevues dans les médias, en 2012, avant même qu’il ne soit embauché par la Couronne. À la radio, il avait qualifié Magnotta de «psychopathe» et de «sadique».

Me Leclair a suggéré que le psychiatre avait déjà une opinion figée sur l’affaire avant même qu’il ne consulte les preuves. M. Chamberland a nié les suppositions de l’avocat, précisant que ses recherches lui avaient permis de confirmer ce qu’il croyait.

Le jury a aussi découvert que la défense avait tenté de recruter le témoin-expert dans son équipe. Le docteur Chamberland avait dû refuser, selon lui, puisqu’il s’était déjà engagé quelques jours auparavant à représenter la Couronne.

Le procès de Magnotta reprendra jeudi.

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