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Charest demande des excuses de Duchesneau

SAINT-ROMAIN, Qc – Le chef libéral Jean Charest est catégorique: aucun de ses ministres n’est allé sur le bateau de Tony Accurso et le candidat caquiste Jacques Duchesneau devrait s’excuser pour avoir affirmé le contraire.

Sur les ondes du 98,5 FM mercredi matin, M. Duchesneau a déclaré que des ministres libéraux s’étaient retrouvés sur le yacht de l’homme d’affaires qui fait désormais face à la justice. «Oui», a martelé le candidat de François Legault quand l’animateur Paul Arcand lui a posé la question. L’ancien directeur de l’Unité anticollusion n’a toutefois pas prononcé les noms de ces ministres.

Plus tard en entrevue à Radio-Canada, M. Duchesneau a laissé entendre qu’un témoin qui doit comparaître à la Commission Charbonneau allait confirmer ses paroles.

Il s’agit là d’accusations gratuites et non fondées, a répliqué le chef du Parti libéral du Québec (PLQ).

«S’il veut faire une accusation comme ça, qu’il en donne la preuve. Sinon, qu’il présente ses excuses et que M. Legault le rappelle à l’ordre», a tranché Jean Charest en campagne à Saint-Romain, dans la circonscription de Mégantic.

La première fois que de telles allégations avaient été faites, M. Charest avait demandé personnellement à l’ensemble de ses ministres s’ils avaient mis les pieds sur le fameux bateau. Tous avaient nié, a-t-il rappelé.

«Il n’y a pas de mes ministres qui sont allés sur le bateau de M. Accurso. Et si ça devait arriver, cette personne-là aurait des explications à donner très sérieuses. Ce serait pris très au sérieux», a noté le chef libéral.

Contre-attaquant, M. Charest a tenté de faire tourner la controverse à son avantage en soutenant que les électeurs ne voulaient pas d’un comportement comme celui du candidat caquiste vedette.

«On ne veut pas vivre dans une société où on s’accuse mutuellement comme ça gratuitement dans le seul but de faire mal et de blesser et de nuire», a-t-il lancé.

«Voulons-nous un parti politique qui se comporte comme ça dans la société québécoise?», a poursuivi M. Charest.

D’autant qu’en 2007, des membres de l’Action démocratique du Québec (ADQ), formation qui a depuis fusionné avec la Coalition avenir Québec (CAQ), auraient accepté que le magnat de la construction paie un coûteux repas totalisant 14 000 $, a-t-il signalé.

Legault le défend

Pour François Legault, il est hors de question de rappeler à l’ordre son candidat vedette et membre de son «trio d’incorruptibles».

«M. Duchesneau s’est fait poser une question directe et il a répondu à la question. Je pense que c’est quelqu’un qui est franc et il se sentait mal à l’aise de mentir. Donc, il a répondu à la question», a rétorqué le chef de la CAQ.

À son avis, ce n’est pas M. Duchesneau qui devrait être «mal à l’aise», mais plutôt Jean Charest lui-même pour avoir déclenché des élections avant les audiences publiques de la Commission Charbonneau.

M. Legault a par ailleurs commenté une photo de son candidat au côté d’Alberino Magi, un homme dont le frère et entrepreneur en construction Antonio Magi est soupçonné de liens avec la mafia. L’image a beaucoup circulé sur Internet mercredi, et la candidate libérale Lise Thériault y a fait référence.

Selon M. Legault, une photo ne représente rien, parce qu’on se fait prendre constamment en photo lorsqu’on est politicien.

«Les libéraux sont vraiment désespérés parce que des photos, on en prend des tonnes (…). Ça ne veut rien dire. Quand on va séjourner sur le bateau de quelqu’un par contre, c’est différent.»

Pas de poursuite

Même s’il assure que les allégations de Jacques Duchesneau sont fausses, Jean Charest n’envisage pas s’adresser aux tribunaux pour régler la question. Il a autre chose à faire, a-t-il sous-entendu.

«Si moi, je ne poursuis pas, donc vous en interprétez que j’en suis coupable (…). Belle société», a ironisé le chef libéral, visiblement irrité.

«Il faudrait que je passe mon temps assis dans les bureaux d’avocats à écrire des mises en demeure, à faire des poursuites. J’ai 35 jours de campagne électorale, alors je pense que j’aime mieux m’en remettre au bon jugement de la population du Québec sur une affaire comme ça.»

Pour illustrer l’ironie de la situation, M. Charest a régulièrement retourné la question aux journalistes qui l’interrogeaient sur cette histoire. «Êtes-vous allés sur le bateau de Tony Acurso, vous?», lançait-il aux reporters.

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