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Le Québec dans l’assiette

Photo: Métro

Les végétariens ne mangent pas de viande. Les locavores, eux, ne mangent que des produits du Québec. Métro s’est intéressé à ces consommateurs qui voient la fleur de lys dans leur garde-manger.

Deux portraits, deux visions
Anick Girard, chargée de projet chez Équiterre, est locavore depuis plusieurs années. Même si elle se permet quelques exceptions comme le café et le chocolat, qu’elle choisit équitables, son alimentation est composée presque exclusivement de produits du Québec. «C’est une question de valeurs. Je tiens à soutenir l’économie locale et le dynamisme des régions du Québec», explique-t-elle.

Par ce geste, Mme Girard souhaite également conserver la demande auprès des producteurs du Québec pour ainsi entretenir les terres de la province et favoriser notre souveraineté alimentaire.

Si Mme Girard se ravitaille autant chez les producteurs locaux qu’en épicerie, où elle choisit les aliments du Québec, d’autres ont une approche plus contraignante. Anick Béland-Morin, locavore dans la région de Québec, privilégie les produits venant des petits producteurs locaux. « J’achète très peu de choses provenant des milieux industriels [même du Québec], et je vais me poser énormément de questions avant de le faire», précise la coordonnatrice des marchés de proximité à Québec.

Mme Béland-Morin soutient qu’il y aurait deux fois plus de retombées économiques à l’achat d’un produit d’une ferme de proximité que d’un milieu industriel. «Dans l’idéologie du locavorisme, il y a l’idée d’investir dans la collectivité, de favoriser le lien social. Donc, manger local, idéalement, ça se passe dans ces canaux [petits producteurs]», exprime Mme Béland-Morin qui reconnaît que son travail l’aide à y avoir accès facilement.

Avantages
Les avantages économiques de la consommation locale sont indéniables. «On ne crée pas des dollars. Donc, quand on décide de dépenser un dollar dans un produit québécois, c’est évidemment un dollar qui reste dans l’économie québécoise», reconnaît Pascal Thériault, agroéconomiste à l’Université McGill.

Les avis sont partagés par contre quant aux avantages écologiques. «Les tomates de serre du Québec qui fonctionnent au mazout demeurent plus polluantes que les tomates des champs importées du Mexique», indique M. Thériault à la suite de ses recherches.

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Claude Villeneuve, directeur de la Chaire en écoconseil de l’Université du Québec à Chicoutimi, précise toutefois qu’il s’agit d’un calcul très complexe où plusieurs aspects doivent être considérés. «Une serre au mazout peut avoir moins d’impact qu’une tomate du Mexique si on ne considère pas seulement le transport, mais aussi les engrais chimiques et les pesticides utilisés dans les champs», précise-t-il.

Aliments

Cuisine, cuisine, cuisine…
S’il y a bien un élément qui ressort d’une expérience locavore, c’est la nécessité de tout cuisiner soi-même à partir de la matière brute. Plusieurs produits transformés, bien qu’ils mettent en vedette un produit local, contiennent souvent des ingrédients de l’extérieur et font mal au portefeuille. Les locavores choisiront donc de faire leur propre granola, par exemple, plutôt que d’acheter des céréales préparées.

L’alimentation locale, dans un pays nordique, exige également une bonne préparation à long terme. L’hiver, les producteurs locaux ne fournissent que des «légumes-racines» (pommes de terre, carottes, panais, céleri-rave, etc.), ce qui peut rendre l’assiette monotone. «Il faut apprendre à cuisiner ce qui est prêt quand c’est prêt. Je fais mes provisions à l’automne lorsque plusieurs autres légumes sont disponibles et je les conserve pour l’hiver», indique Mme Girard. Même son de cloche du côté de Mme Béland-Morin. «Mon congélateur est plein de produits que j’ai préparés cet été. Je ne manque de rien et je découvre toute la diversité de légumes disponibles au Québec», lance-t-elle.

Anick Béland-Morin s’accorde un 5% d’exception dans son alimentation. «Je me permets de consommer du café et du chocolat équitables, en plus de garder le sel, le poivre et certaines épices dans mon alimentation.» Les bananes, le sucre et les agrumes font toutefois partie des produits qui n’entrent plus dans sa cuisine.

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Épicerie alimentsAliments du Québec
L’étiquetage Aliments du Québec sur les produits en épicerie signifie qu’au moins 85% des ingrédients sont québécois, dont les quatre principaux.

  • Une partie de la préparation peut donc venir de l’extérieur, seulement si ce sont des éléments qui ne sont pas produits au Québec.
  • «Nous souhaitons que chaque Québécois développe le réflexe de choisir un produit alimentaire québécois. Qu’il se pose la question: “Est-ce que j’achète présentement la plus québécoise des options?”», affirme la directrice générale d’Aliments du Québec, Marie Beaudry.

Imprévus
Perdu au centre-ville, l’accès aux repas locaux est limité.

  • «J’apporte un lunch froid ou je privilégie un petit resto de quartier qui propose une cuisine du terroir et non une grande chaîne», indique Mme Girard, qui ne se qualifie pas de puriste.

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