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Boyan Slat, le jeune Néerlandais qui nettoie les océans

Photo: collaboration spéciale
Dmitry Belyaev - Metro World News

Le jeune homme de 20 ans a déjà trouvé ce qu’il voulait faire de sa vie: débarrasser les océans des déchets de plastique.

Chaque année, nous produisons 288 millions de tonnes de plastique, dont 10% finissent dans les océans. Écœuré par cette pollution, un jeune Néerlandais de 20 ans, Boyan Slat, a conçu un système pour nettoyer les mers après avoir consacré une partie de son adolescence à réfléchir à la question. Cet écoguerrier a également réussi à amasser plus de 2M$ afin que son projet de nettoyage devienne réalité. Slat, qui est à la tête de l’équipe Ocean Cleanup [littéralement «nettoyage des océans»], forte de 100 valeureux bénévoles, parle à Métro de son ambitieuse initiative.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans ce projet de nettoyage?
Un jour, alors que j’avais 16 ans, je faisais de la plongée en Grèce et j’ai tout à coup réalisé que je voyais plus de sacs de plastique dans l’eau que de poissons. Ça m’a vraiment dégoûté. Ensuite, à l’école, j’ai dû faire un projet dans un cours de science et j’ai décidé de consacrer mon temps à analyser le problème pour comprendre pourquoi il est si difficile de nettoyer les océans. Après six mois, j’y pensais encore – alors je me suis mis à réfléchir à un concept de nettoyage et j’ai fini par élaborer ma propre méthode.

En quoi consiste-t-elle?
Dans le passé, il y a eu plusieurs tentatives de nettoyage des océans, mais toutes reposaient sur l’utilisation de filets. Nous avons calculé qu’avec une telle approche, l’opération prendrait au moins 79 000 ans, coûterait des milliards de dollars et nuirait à la vie marine – bref, se servir de filets n’est pas très pratique. Je me suis alors dit: pourquoi traverserions-nous les océans quand les océans peuvent nous traverser? C’est là que l’idée m’est venue d’un système passif flottant, que l’on ancre au fond de l’océan et qui capte les plastiques. Et plutôt que des filets, nous utilisons d’immenses barrières flottantes, dans lesquelles la faune marine ne peut pas se prendre. Grâce à la forme de ces barrières, qui ressemblent à un «V» géant, les plastiques convergent vers un point où ils sont retirés de l’eau grâce à une plateforme munie d’un dispositif d’extraction avant d’être recyclés.

Est-il difficile de nettoyer les océans?
Mon concept est très simple; la difficulté est d’utiliser le dispositif au milieu de la mer – et de faire en sorte qu’il résiste à des conditions extrêmes. Tout le défi est là.

Quelle zone océanique est la plus problématique?
Celle qui se trouve entre Hawaï et la Californie – le fameux vortex de déchets du Pacifique Nord. La concentration est là-bas de quelques centaines de milliers de morceaux de plastique par kilomètre carré. C’est vraiment énorme. On y trouve le tiers des déchets de plastique qu’il y a dans les océans du monde. C’est notre principal objectif.

Aimez-vous votre travail?
L’équipe travaille en tout 9200 heures par semaine, donc on n’a parfois pas le temps de se demander si on aime ou pas ce qu’on fait. Mais je ne peux pas imaginer faire quelque chose de plus satisfaisant et de plus amusant.

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Votre méthode de collecte des plastiques est-elle coûteuse?
Avec un seul système de nettoyage, nous pouvons nettoyer la moitié du vortex de déchets du Pacifique Nord en 10 ans. Pour y arriver, ça coûterait près de 379M$. Ça peut paraître beaucoup, mais on a calculé que c’est 33 fois mois cher qu’avec les méthodes utilisées avant.

Avez-vous eu du mal à trouver des commanditaires en raison de votre âge?
Au début, je travaillais à ce projet tout seul. Je me suis adressé à 300 compagnies pour obtenir des commandites. Je n’ai eu qu’une seule réponse, qui n’a finalement débouché sur rien. Mais ensuite, on a fait une bonne campagne de sensibilisation et on a pu amasser de l’argent pour notre première année de fonctionnement.

Quel est votre grand objectif?
Je ne pense pas qu’on puisse retirer tout le plastique des océans. Le but est d’en enlever le plus possible, de réduire les quantités de plastique dans les mers.

Pensez-vous que, si vous décidez un jour de cesser de nettoyer les océans, des gens prendront la relève?
J’espère que d’ici trois, quatre ans, nous disposerons de plus de technologies intelligentes capables de faire ce travail à notre place. Actuellement, nous travaillons à l’élaboration d’une technologie qui permettrait d’éviter que les plastiques se retrouvent dans les océans.

Les gens peuvent-ils vous aider d’une quelconque façon?
Ce qui est important, c’est de s’assurer que plus aucun plastique ne se retrouve dans les mers. C’est quelque chose à quoi tout le monde peut participer. Et nous cherchons toujours à recruter des gens. Il est vraiment possible de nettoyer les océans.

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