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La passion du métier depuis près de 50 ans

Photo: Amine Esseghir/TC Media

Située sur la rue Fleury à l’angle de l’avenue Georges-Baril, la boutique du cordonnier Biagio est un repère, autant géographique que temporel. Depuis 48 ans, le magasin est à la même place et il est surtout dirigé par le même artisan.

Arrivé d’Italie en 1968, âgé dans la jeune vingtaine, Biagio Braia avait déjà accompli un beau parcours professionnel et avait fait un tour par la Suisse avant de venir s’installer à Montréal. «J’ai commencé à travailler à 10 ans et je n’ai jamais changé de métier. Je suis très fier d’être cordonnier», annonce M. Biagio.

Il se lance dans les affaires en achetant la cordonnerie ouverte quelque temps auparavant. Depuis ses clients savent qu’une paire de chaussures qu’on mettrait à la poubelle démarre une nouvelle vie une fois passée entre ses mains. «On peut tout réparer, c’est rare que des souliers soient irrécupérables», affirme-t-il.

Témoin privilégié du temps qui passe, M. Biagio apprécie les transformations qu’a connues le quartier. «Il y a de plus en plus de professionnels et de jeunes familles qui viennent habiter ici», raconte l’homme sans lever les yeux sur une botte qu’il sauve d’une mort certaine.

Ces nouveaux Ahuntiscois constituent l’essentiel de sa clientèle et ils ont apporté des changements à sa façon de travailler.

Transformations
À l’ère du jetable et de la consommation, son commerce se porte bien et l’activité a encore de beaux jours devant elle. Mais il y a un secret à cela. «Avant, les gens avaient beaucoup d’enfants et peu d’argent. Ils entretenaient leurs chaussures le plus longtemps possible, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Maintenant, on répare une paire de souliers qui a coûté cher et à laquelle on tient», indique-t-il en présentant une paire de bottes signée Gucci.

Le vieil artisan apprécie beaucoup la maroquinerie de luxe. Les matières sont de très bonne qualité. «C’est très intéressant de travailler dessus, mais on doit savoir réparer des chaussures qui ont coûté 10 $ et celles qui ont coûté 1000.»

Depuis quelques années, en plus de vendre des articles et des produits d’entretien pour les chaussures, il propose aussi un service de couture. «Cela nous permet de prendre plus de travail», reconnait-il. Les affaires marchent bien, mais il faut plus de clients.

Depuis près de 50 ans, il a également formé beaucoup d’apprentis, «mais ils sont tous partis se mettre à leur compte», note-t-il. Toutefois, c’est aidé de son fils que M. Biagio s’est garanti d’une relève même si le vieux cordonnier n’aime pas qu’on lui parle de retraite.

«Je travaillerais tant que je pourrais le faire», assure-t-il, et pour rester alerte le plus longtemps possible, il voyage beaucoup. Il prend cinq mois de vacances répartis le long de l’année. « Je vais deux mois en Italie et le reste du temps je voyage de par le monde.»

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