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Un centre pour réfugiés cherche refuge

Photo: Amine Esseghir/TC Media

Un organisme qui vient en aide à plus de 1500 réfugiés et immigrants par an se retrouvera à la rue le 21 juillet. L’église Santa-Rita qui l’abrite a été vendue et les nouveaux propriétaires le pressent de quitter les lieux.

Depuis le 30 juin, le centre Scalabrini pour réfugiés et immigrants ne peut plus offrir les services qu’il donne depuis 17 ans.

Créé de toutes pièces dans le presbytère de l’église Santa-Rita à Ahuntsic, il était devenu un lieu de rassemblement pour les réfugiés et immigrants. Aujourd’hui, membres et bénévoles s’affairent à faire leurs cartons.

«Quand nous avons occupé les lieux, il y a 17 ans, l’église était fermée depuis des années. Nous lui avons redonné vie et lui avons offert une vocation», indique Miguel Arévalo, directeur du centre.

Outre les services d’aide administrative, d’accompagnement dans la recherche d’emploi et de cours de francisation, le centre offrait un refuge à des femmes célibataires ou monoparentales en situation précaire, dont beaucoup sont venues d’Afrique.

«Sur les 10 femmes que nous hébergions jusqu’à maintenant, huit ont été relogées. Elles devront payer un loyer. C’est un refuge essentiel pour femmes vulnérables qui disparaît», observe M. Arévalo.

Dans le quartier, le centre jouait un rôle communautaire appréciable avec plus de 10 000 pieds carrés d’espace.

Les élèves de l’école Fernand-Séguin et les enfants du CPE pissenlit, situés à proximité, utilisaient ses salles. L’arrondissement y louait également des espaces au bénéfice des Loisirs Sophie-Barat.

«La situation du centre Scalabrini est préoccupante parce que c’est une ressource du quartier qui risque de disparaître à cause de la précarité dans laquelle vivent les organismes communautaires», déclare Mohamed Barhone, membre du comité de suivi des locaux communautaires du quartier Ahuntsic, mis en place par la table de concertation Solidarité Ahuntsic. Le centre Scalabrini fait également partie de ce comité.

Migule Arévalo et ses bénévoles s’affairent à faire leurs paquets pour quitter l’eglise Santa-Rita d’ici le 21 juillet. Photo: Amine Esseghir/TC Media

«On nous propose de nous déménager à l’église Saint-Rémi à Montréal-Nord, mais nous n’avons pas de certificat d’occupation. On pourra à peine stocker nos affaires en attendant», dit-il.

Ce que M. Arévalo souhaite, c’est de louer un local privé à Ahuntsic. «Il nous faut 1500 à 2000 pieds carrés pour continuer nos activités, mais nous n’avons pas les moyens de payer le loyer intégralement», déplore-t-il.

Depuis quelques semaines, il a appelé au secours les élus de tous les paliers de gouvernement pour trouver une aide financière. Le bureau de la députée fédérale Mélanie Joly est au courant de la situation du centre, mais ne peut rien faire.

«Bien que nous ne soyons pas insensibles par rapport à la fermeture du centre, aucun programme de financement au fédéral ne permet d’aider à payer un loyer pour un nouveau local. Aucune aide fédérale ne pourra donc être octroyée dans ce dossier», a regretté Catherine Collerette, adjointe parlementaire de Mme Joly dans un courriel.

Pour sa part, au bureau de la députée provinciale de Crémazie on dit que l’on suit le dossier de près. «Mme Montpetit a écrit une lettre pour appuyer la demande du centre pour une bonification de son financement dans le cadre du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) du ministère de la Santé», a attesté Jonathan Boursier, attaché politique de la députée.

«L’arrondissement est en train d’analyser la demande du centre Scalabrini. Une rencontre aura lieu avec des gens du centre Scalabrini et des gens de l’arrondissement», a assuré Émilie Thuillier, conseillère d’Ahuntsic. La réunion devrait avoir lieu en début de semaine prochaine.

Plus de 1500 personnes aidées

En 2016, le centre Scalabrini pour réfugiés et immigrants a hébergé 27 femmes en situation précaire.

Il a offert des cours de français à 51 personnes et des cours d’anglais à 29 personnes.

La salle multimédia gratuite a reçu 256 utilisateurs.

La clinique légale a aidé 142 personnes qui voulaient s’informer sur les procédures d’immigration au Canada.

Une opération de collecte de vêtements au profit des réfugiés syriens a permis d’aider 114 personnes.

Lors de la fête de Noël tenue le 17 décembre, 300 paniers ont été distribués à des familles immigrantes défavorisées.

Le centre est dirigé par six employés permanent et soutenu par neuf bénévoles.

Trump et le centre Scalabrini
Le centre Scalabrini s’est retrouvé très sollicité quand Donald Trump a été élu à la tête des États-Unis. Pas moins, de 102 personnes originaires d’Amérique du Sud, résidentes aux É.-U., l’ont contacté pour s’informer sur les possibilités d’immigration au Canada.

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