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Un entretien défaillant condamne une maison patrimoniale à la démolition

Photo: Amine Esseghir/TC Media

La petite maison située au bout de la rue Saint-François-d’Assise près du parc-nature de l’île de la Visitation sera bientôt démolie pour laisser place à une nouvelle demeure. Construite dans le secteur patrimonial du Sault-au-Récollet sa disparition rappelle que des bâtiments à valeur historiques et architecturaux se perdent faute d’entretien.

Il est vrai que la forme et les dimensions de la maison attirent l’attention. Bâtie en 1943 dans le style néoTudor, elle a été longtemps la seule construction de cette rue au sud du boulevard Gouin Est.

Le décor de la maison date des années 1950 ou 1960. Photo: Amine Esseghir/TC Media

Son état d’abandon visible ne laisse pas non plus indifférent. L’odeur âcre de la poussière et de la moisissure attrape à la gorge dès qu’on ouvre la porte.  «La première fois que je suis rentré, j’ai beaucoup souffert de la poussière et j’ai toussé pendant dix bonnes minutes en sortant», raconte Jocelyn Duff, le nouveau propriétaire.

À l’intérieur le temps semble figé. Deux vieux réfrigérateurs des années 1960 et du mobilier vieillot occupent la cuisine. Une ancienne télévision trône au milieu du salon. Un calendrier est arrêté au mois de décembre 1958.

Mais la maison n’a rien d’un musée. Le milieu du toit s’est effondré laissant entrer pluie et neige. Des détritus et des bouteilles vides jonchent le sol et s’entassent sur les étagères.  Le sous-sol est inaccessible alors qu’il est inondé avec trois pieds d’eau. «Cela fait de deux ans que la maison n’est pas chauffée et la moisissure est en train de ronger le bois», indique M. Duff.

L’ancien résident passait pour un ermite et il était connu dans le quartier comme le monsieur à vélo qui ramassait des bouteilles.

La disparition de cet édifice ancien préoccupe le Conseil du patrimoine de Montréal (CPM). «Il ne s’agit pas du premier cas de démolition pour cause de négligence à l’intérieur du site patrimonial de l’ancien village du Sault-au-Récollet», écrit l’organisme de protection du patrimoine.

La maison est restée en vente très longtemps. Sa situation dans le secteur patrimonial rebutait les acheteurs, car les restrictions sont nombreuses. «Si elle n’avait pas trouvé preneur, elle aurait dépéri et fini par être démolie», note M. Duff.

La maison du peintre, une bâtisse typique des «boum town» du début du 20e siècle a été démolie, car irrécupérable. Toutefois, le nouveau propriétaire a reconstruit le bâtiment à l’identique pour préserver la trame paysagère du quartier.

La nouvelle maison occupera la même implantation que la bâtisse actuelle. Photo: Collaboration spéciale/Jocelyn Duff

S’inscrire dans le paysage
M. Duff est architecte. C’est aussi et passionné par l’histoire et les questions de patrimoine. «Au-delà du style architectural, c’est surtout la particularité de ses dimensions et son emplacement qui sont intéressants», observe-t-il.

L’énoncé de valeur patrimoniale de la maison élaboré en 2016 met effectivement en évidence le caractère paysager et la présence en tant que repère visuel à l’entrée du parc de la construction, «notamment par son aspect de pavillon de parc et le caractère champêtre du lieu», comme le souligne le Conseil du patrimoine de Montréal.

«La démolition n’était pas la première option. J’ai pensé à la reconstruction ou le déplacement, mais l’état de détérioration avancé ne me laisse pas beaucoup de choix», assure le nouveau propriétaire.

Le projet même s’il ne reproduit pas le style, s’inscrit dans la même emprise au sol et sans occuper la façade comme cela existe aujourd’hui. L’aménagement du jardin exploitera pleinement le terrain de plus de 900 mètres carrés.

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