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Changer le monde, une livraison à la fois

Photo: Amine Esseghir/Courrier Ahuntsic
Amine Esseghir - Courrier Ahuntsic/Bordeaux-Cartierville

Livrer de grandes quantités de marchandises à vélo. Cela peut sembler difficile à réaliser, notamment aux yeux des gens d’affaires plus habitués à recourir aux camions. Un entrepreneur tente de prouver depuis quelques mois que cela est non seulement possible avec un vélo à assistance électrique, mais aussi très efficace.

À 32 ans, Cedric Chaperon a créé la roue libre, une entreprise en démarrage qui permet d’effectuer des livraisons à vélo. Ahuntsic-Cartierville est sur sa carte depuis le début. «Je n’ai pas réinventé la roue, avoue-t-il. Ce modèle de livraison existe depuis longtemps en Europe.»

Effectivement, la livraison à vélo également existe depuis l’invention de la bicyclette, mais M. Chaperon apporte les perfectionnements de son époque à un moyen de transport très ancien.
Grace au mode d’énergie de son vélo, l’électricité, sa capacité de chargement est tout simplement impressionnante. Son bicycle tracte une remorque qui peut porter des cargaisons jusqu’à 400 livres.

Cedric Chaperon croit aussi qu’à terme, à cause des questions environnementales et du trafic de plus en plus dense en ville, ce mode de transport gagnera en popularité et ira côtoyer les camions et les voitures.

«Au début, j’étais naïf et je croyais pouvoir le faire avec un vélo ordinaire, mais je me suis vite rendu compte que le moteur électrique est indispensable pour des questions d’efficacité.»

Actuellement, il a pu convaincre trois entreprises de Montréal de lui faire confiance. Elles lui passent des commandes chaque semaine. «Il y a aussi des artisans qui me confient des missions occasionnellement», souligne-t-il.

Un camion doit trouver un stationnement, il doit souvent s’arrêter plus loin que son lieu de livraison après avoir roulé difficilement dans la circulation quasiment à vide, car il est trop gros pour ce qu’il a à transporter. Moi, je m’arrête très près de mon lieu de destination et pour y arriver, je me faufile très vite au milieu du trafic. Cedric Chaperon, créateur de la roue libre .

Le défi était de trouver des patrons qui ont la fibre environnementaliste. «Je ne suis pas un anti-camion, concède-t-il. Mais pour les activités professionnelles, la place pour le transport en camion est faite depuis longtemps.»

Toutefois, M. Chaperon savait que certains entrepreneurs seraient faciles à séduire.

«J’ai travaillé quelques années dans une ONG en environnement. Je me penchais sur les de questions de transports et de mobilité.»

Il couvre les quartiers situés entre Ahuntsic-Cartierville et Verdun du nord au sud. Il dessert le centre-ville, Rosemont, Hochelaga ou Villeray ainsi qu’un bout de Montréal-Nord.

Pour les quelques jours de tempêtes ou de gros mauvais temps en hiver, il utilise une voiture électrique. «Je m’assure de répondre aux demandes de mes clients quelles que soient les conditions météorologiques.»

Dernier kilomètre
«J’offre un service fiable et efficace pour ce qu’on appelle la logistique des derniers kilomètres», explique-t-il. Ce sont les parcours relativement courts à effectuer en ville et qui donnent des maux de tête aux chauffeurs de gros véhicules. Sur ces distances, le vélo est dur à battre.

L’aventure de M. Chaperon a commencé en avril 2018. Il savait qu’il tenait une bonne idée à ce moment-là, mais il a dû réfléchir à plusieurs enjeux, le plus important était de trouver une remorque qui réponde au marché qu’il visait.

«Il n’y a pas de fabricant de ce genre de remorques au Québec ou au Canada. J’ai travaillé avec un artisan de la rive sud, relève-t-il. Outre le poids et la maniabilité, il y a des normes de sécurité à respecter. Il faut être sûr que ça ne se détache pas sur la route.»

Aujourd’hui, il commence à vivre de son activité et imagine comment développer son entreprise dans un avenir proche.

Il espère pouvoir faire fabriquer une nouvelle remorque pouvant transporter 600 livres. «Je suis en train d’étudier la possibilité de réaliser un caisson réfrigéré pour les produits alimentaires. Il y a une grande demande pour ce genre de marchandise.»

Il croit aussi qu’à terme, à cause des questions environnementales et du trafic de plus en plus dense en ville, ce mode de transport gagnera en popularité et ira côtoyer les camions et les voitures. «Si on demandait aux citoyens s’ils voulaient plein de camions ou plein de vélo sur les routes, le choix serait vite fait», soutient-il.

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