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Michel Barrette fait rire même les sourds

Photo: Collaboration spéciale

Michel Barrette était le 22 novembre, sur les planches de l’auditorium du collège Ahuntsic pour la présentation de son spectacle Faut que j’te raconte devant un public très particulier; la majorité des spectateurs étant sourds.

Jeu de mots, calembours, anecdotes drôles et propos grivois rien n’a été épargné au public. Le spectacle était présenté par Spectacle Interface, une petite entreprise qui s’est donné pour mission de proposer des spectacles adaptés en Langue des signes québécoise (LSQ). Elle est dirigée par Martin Asselin, un spécialiste de la LSQ, pour qui parler avec des signes est quasiment la langue maternelle. «Mes parents étaient sourds» explique-t-il.

«Je lève mon chapeau à Martin, souligne Michel Barrette, parce qu’il doit traduire tout ce que je raconte.» Une mission d’autant plus délicate que M. Asselin n’a pu répéter uniquement avec un enregistrement vidéo. «C’est la première fois qu’on le fait sur scène», indique M. Barrette. Interrogé avant le spectacle sur ses appréhensions, il a expliqué : «J’ai décidé de ne pas m’en faire.» C’était au bout du compte une première pour tout le monde, spectateurs compris même si le spectacle de Michel Barrette tourne depuis deux ans avec un accueil enthousiaste qui ne s’est pas démenti.

Pour présenter Faut que j’te raconte devant un public sourd, il a fallu opérer des adaptations. «Quand M. Barrette doit se déplacer sur scène, il ne doit jamais passer devant Martin sinon les spectateurs perdent deux ou trois mots», observe Joëlle Fortin, cogérante de l’entreprise qui compte comme employés ses deux seuls propriétaires. «En général il n’y a pas d’entracte, mais je me suis dit, il faut que Martin prenne une pause», relève M. Barrette. Il est vrai que l’interprète en langue des signes ne fait pas que traduire ce qui se dit. Il joue les mêmes scènes, avec le même costume. Il doit aussi bouger beaucoup, autant pour suivre les déplacements de l’artiste que pour montrer aux gens ce qu’il raconte.

L’interprète doit aussi improviser quand l’artiste se met à interpeler des gens dans le public, une situation qu’il ne peut ni prévoir ni répéter. Si dans l’assistance il y avait aussi des entendants, cette manière de faire ne les perturbait pas outre mesure. «C’est comme quelqu’un qui surligne un texte dans un livre», observe Nathalie, une spectatrice qui accompagnait son conjoint sourd. «Je rêve du moment où on présentera le spectacle pour sourd avec le monde ordinaire, clame M. Asselin. Notre bassin de public est très réduit. Nous ne présentons que deux spectacles par an, un au printemps et un autre à l’automne.» Spectacle Interface existe depuis cinq ans. Elle présente des spectacles d’humour solo ou des pièces de théâtre.

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