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Le caméléon africain d'Ahuntsic se rend à Granby

Fils d’une mère congolaise et d’un père belge, John Kinsha est originaire de Villeray, mais vit présentement à Ahuntsic. Le 4 septembre à 19 h 30, il montera sur la scène du Palace de Granby, dans le cadre du Festival international de la chanson de Granby. Ce « caméléon » de la scène musicale québécoise chante avec ses tripes pour dénoncer, aimer, pleurer et, surtout, vivre.

John Kinsha est né en République démocratique du Congo (RDC) en 1987. Six ans plus tard, des troubles politiques amènent sa famille à prendre de toute urgence un avion en direction du Canada. « Ça n’a pas été facile. On a trimé dur pour se reconstruire ici », se souvient-il. L’auteur-compositeur-interprète de 26 ans se rappelle d’avoir dû accompagner sa mère dans les magasins à rabais. « À un moment donné, on n’avait même pas assez de meubles. On a été chercher ceux qui avaient été abandonnés dans la rue, mais qu’on pouvait encore utiliser », confie-t-il en riant.

 

C’est donc dans cette situation de précarité qu’a éclos chez lui une passion pour la musique. Très jeune, il écoute Tiken Jah Fakoly, Papa Wemba, IAM, Bob Marley, Charles Aznavour, et d’autres artisans de la musique. « Un jour, je me suis dit que moi aussi je voulais m’exprimer par ce moyen », affirme-t-il. Il commença alors à gratter sa guitare et compose des mélodies. En 2010, il se produit pour la première fois à la télévision aux côtés de Dan Bigras, Lulu Hughes et Éric Lapointe lors du Show du Refuge.

Manger grâce à son art, mais pas à n’importe quel prix

Dix ans qu’il a sa guitare autour du cou, dix ans qui n’ont pas toujours été faciles. « Le plus difficile dans mon métier, c’est de pouvoir manger grâce à son art », reconnaît l’artiste ahunsticois. Par ailleurs, il est bien au fait de la chance qui le frappe alors que de nombreuses carrières musicales ont véritablement commencé avec le Festival de la chanson de Granby. « En toute honnêteté, je veux pouvoir payer mon loyer avec ma musique », dit à la blague M. Kinsha. Si le ton est badin, le musicien espère tout de même que sa prestation à Granby pourra lui ouvrir quelques portes.

Paradoxalement, l’auteur-compositeur-interprète n’était pas chaud à l’idée de participer à la compétition musicale. « J’ai peur d’entrer dans la machine, précise-t-il. Je ne veux pas être un artiste bonbon qui vend une certaine marque de commerce. » En dépit de cette crainte, il se montre reconnaissant envers son amie qui l’a poussé à s’inscrire au festival.

 

S’il passe la demi-finale, M. Kinsha participera à la grande finale du 14 septembre où il pourra entonner son « Qui je suis » devant des milliers de spectateurs. « Je suis un caméléon qui s’imprègne des couleurs de mon environnement », souffle-t-il les yeux gais lorsqu’on lui demande qui il est.

« Ça me fait mal »

Un des rêves de M. Kinsha est de retourner un jour visiter son pays natal. Devant le silence médiatique qui entoure ce que certains politologues considèrent comme l’une des pires crises humanitaires du siècle, le chanteur est très émotif sur le sujet. « Vous savez, mon nom d’artiste vient de Kinshasa, la capitale de la RDC, explique-t-il. Pour tout le coltan qu’on utilise pour nos téléphones cellulaires, il y a des millions de morts congolais. Alors quand je vois ce qui se passe là-bas, ça me fait mal. J’espère pouvoir dénoncer cette souffrance pour qu’elle s’arrête. » Outre la politique, M. Kinsha dit écrire avec ses tripes. « Je me base beaucoup sur la réalité de ce que je vis. Mes émotions influencent beaucoup ma musique, ce qui fait que mon style est assez hétéroclite », ajoute-t-il. Cependant, l’Afrique n’est jamais loin de son coeur. « Mes origines africaines font ma couleur, révèle-t-il. Je le mélange au rythme québécois pour faire quelque chose de neuf. »

La programmation du Festival international de la chanson de Granby est disponible au http://www.ficg.qc.ca/programmation.html . Pierre Lapointe sera l’artiste invité lors de la demi-finale du 4 septembre. Prix des billets : 20 $.

Rémy-Paulin Twahirwa

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