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Pères en détresse, en quête de ressources

Photo: Amine Esseghir / TC Media

La tragédie survenue à Anjou le 5 juillet, a rappelé les difficultés que rencontrent les pères en cas de séparation, notamment le manque de prise en charge psychologique. Si l’écrasante majorité ne commet pas de méfait envers les enfants, deux pères, rencontrés avant le crime pour parler des difficultés de la paternité en cas de séparation, soulignent que le drame est patent et la souffrance bien réelle. Ils témoignent de leurs parcours.

«Après 45 minutes de discussion, le psychiatre m’avait dit qu’où bien je rentrais chez moi ou bien j’étais bon pour un séjour à Pinel», dit Patrick. Il était vu par un médecin après une tentative de suicide. En quelques jours, il avait vu sa vie s’écrouler. Père de deux enfants, il avait fait de sa vie de famille son unique projet.

«Durant le même mois, j’avais reçu un appel de mon patron me disant que je ne revenais plus et quelques jours plus tard ma conjointe m’annonçait qu’elle me quittait», se souvient-il.

«J’avais perdu 30 livres en six mois, j’étais ratatiné», dit-il alors qu’il a repris depuis du poil de la bête. Plus que jamais, il pointe du doigt le manque de ressources pour les pères quand ils vivent ce genre de situations. «Si on a du mal à accepter la séparation, c’est parce qu’on se sent sans moyen», avise-t-il.

C’est un autre médecin qui l’informera de l’existence de Repère. Cet organisme qui a son siège à Ahuntsic, offre une aide psychologique et juridique aux pères en difficulté. «Ici, j’ai surtout pu trouver d’autres pères qui étaient dans la même situation et comprendre que je n’étais pas seul», souligne-t-il.

Séparation, mode d’emploi
Dans une situation moins grave, mais tout aussi dramatique, Didier est venu chercher des conseils chez Repère. «Nous ne sommes pas préparés à ce genre de situation, les hommes ne se parlent pas de ce genre de problèmes, ils n’échangent pas de conseils sur ces situations s’ils ne les vivent pas», observe Didier.

Il était sous la menace de ne plus voir ses trois enfants alors que la procédure de séparation avançait. Venu de France il y a 15 ans, il a fondé une famille. Mais, une fois la séparation entamée, il se retrouvait seul, sans appuis.

«Nous n’avons pas le mode d’emploi, souligne-t-il. Personne ne nous montre le chemin à suivre pour s’en sortir.» Plus que jamais l’absence d’orientation, quand est prise la décision de se séparer, est mise en exergue.

Savoir être père
«Il est difficile de défendre sa cause de père devant un juge quand on a cessé de voir ses enfants durant six mois parce que sous le choc, on a considéré qu’on n’était pas prêt pour s’en occuper.»

Repère offre aussi des programmes pour développer les compétences paternelles permettant ainsi aux juges et aux avocats de constater que les pères sont outillés pour faire face à leurs responsabilités une fois la garde partagée prononcée.

Les deux pères conviennent qu’en cas de séparations, le couple se met en mode confrontation, mais ils défendent la nécessité pour la justice et les services sociaux de reconnaître que les enfants ont toujours deux parents.

«Je suis content que le mouvement féministe existe, soutient Didier. Si on défend le droit des femmes à l’égalité, on reconnaît aussi qu’il y a une mère et un père et ils sont égaux en droits.»

La séparation du couple au centre du drame

Selon le rapport du comité d’experts sur les drames intrafamiliaux, du ministère de la Santé et des Services sociaux, les homicides intrafamiliaux représentaient 35% des homicides perpétrés au Québec, en 2011.
Dans 75% des suicides post-homicides répertoriés, le couple est en instance de divorce ou de séparation.
55 à 60% des filicides (meurtre de ses propres enfants) sont commis par des hommes. On en compte 6 à 8 par année au Québec.

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