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Le capitaine urbain

Photo: (Photo: TC Media - Delphine Bergeron)

Avec le chantier du nouveau pont Champlain qui prend du retard, les travaux pour maintenir l’ancienne structure vont se multiplier. La réparation et l’entretien des ponts a cette particularité de marier navigation et construction. Depuis neuf ans, Gilles Amiot est le capitaine d’un des remorqueurs qui déplacent les barges transportant autant l’équipement que les travailleurs.

Gilles Amiot connaît tout des bateaux. Son père en vendait. « Il n’était pas un homme riche. Il est parti avec rien, puis il en a vendu 200, 300. Je les livrais pour lui», raconte-t-il.

D’un tempérament plutôt rebelle, M. Amiot a tenté, sans succès, de faire le collège de la garde côtière à Sydney, en Nouvelle-Écosse. La structure paramilitaire a eu raison lui, mais il maîtrisait déjà amplement les notions de navigation.

Alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années, il a été engagé comme capitaine d’un voilier pour les touristes. « En 1979, je travaillais dans le Sud, c’était le paradis. Jamais je n’ai pensé que ça arrêterait. Mais mon fils est arrivé quelques années plus tard et là, tout a changé», explique-t-il.

Réjeanne

Devenu père célibataire, il a regagné la terre ferme pour s’installer à L’Île-des-Sœurs. Il y avait trouvé des loyers au mois, sans signature de bail et surtout, tout à côté de son travail.

Après un court séjour à l’Institut Maritime du Québec, M. Amiot a travaillé 25 ans à transporter piétons et cyclistes à bord de la navette fluviale reliant Montréal à Longueuil.

Un jour, il a voulu reprendre les commandes d’un bateau, et c’est là qu’il a trouvé son emploi actuel avec Interlag, l’entrepreneur responsable de l’entretien de l’actuel pont Champlain qui se meurt.

«Je suis capitaine parce que Réjeanne m’attend», lance M. Amiot. Réjeanne, c’est le prénom de la mère du propriétaire d’Interlag. Dans la tradition marine, les bateaux ont des noms de femmes.

Aléas de la météo

Un bon marin sait conjuguer avec les caprices de Dame Nature. La pluie, le froid, les courants, les tempêtes sont au cœur même de la navigation. «Tu es comme un acrobate, il y a toujours un risque calculé», soutient Gilles Amiot.

Il se souvient de cette tempête tropicale qui a frappé le chantier sous le pont Champlain l’été dernier. Son patron lui avait demandé de rapporter les toilettes pour ne pas qu’elles partent au vent. Il s’était plutôt assuré de ramener tous les travailleurs sains et saufs, contre vents et marées.

Gilles Amiot compte encore naviguer quelques années, toujours animé par les défis de son travail. «Pour moi, c’est une passion. C’est ça qu’on a hérité de notre père. Il nous a inculqué la passion», affirme fièrement le capitaine, qui songe tout de même à la retraite.

Mais ne comptez pas sur lui pour tourner en rond sur un lac. Même si les bateaux le font voyager, c’est surtout là, pour lui, pour gagner sa vie.

 

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