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Dans les rues de Montréal…

Vendredi dernier, un itinérant a perdu la vie dans une station de métro de Montréal. Il aurait pu mourir de froid ou d’une surdose et on en aurait peu entendu parler, mais comme il est tombé sous les balles d’un policier, cette tragédie fera couler beaucoup d’encre, pendant quelque temps.

Farshad Mohammadi était un «bon gars». Une bonne personne qui, sous l’influence de la drogue et de l’alcool, perdait souvent les pédales. Dans le pays où on menaçait de le renvoyer, le tyran porte souvent un uniforme. Celui qui l’a interpellé, ce jour-là, en portait un, lui aussi. Farshad a sorti une lame et il a frappé. On connaît le reste de l’histoire.

On a déjà dépensé des dizaines de milliers de dollars pour recueillir les informations sur les circonstances du drame. On en consacrera dix fois plus pour l’enquête qui tentera de déterminer si les policiers auraient pu agir différemment.

Quelles que soient les conclusions de ces procédures, d’autres drames semblables surviendront. Tant qu’on ne trouvera pas de solutions à l’itinérance, il y aura des citoyens inquiets et des hommes en uniforme pour demander aux «bons gars» de circuler. Il y aura aussi des gens qui résistent, des bousculades, des coups de couteau et des policiers qui tenteront de protéger leurs vies ou celles des autres.

Sur les 10 000 sans-abri qui errent dans les rues de Montréal, plus du quart souffrent de graves problèmes psychiatriques, aggravés par la consommation de drogue et d’alcool. On emmène parfois ces malades à l’hôpital, mais on ne les guérit pas. On les remet sur pied et on les retourne à la rue où ils retrouvent tous leurs démons. Et le cycle recommence: vagabondage, larcins, bousculades, inquiétude des citoyens, intervention des policiers, retour à l’hôpital, à la clinique…

La fin tragique de Farshad Mohammadi aura peut-être servi à quelque chose. Les fonctionnaires du ministère de la Santé semblent avoir compris que les maladies psychiatriques et la toxicomanie relèvent de leur juridiction. Ils débloqueront probablement des fonds pour aider la ville de Montréal à mieux les contrôler.

On consacrera quelques dizaines de millions de dollars à trouver des toits, de la nourriture et des vêtements pour les itinérants. Mais ce ne sera pas suffisant.

Ce n’est pas dans une officine d’un ministère, à Québec, que l’on trouvera des solutions aux problèmes des sans-abri, à Montréal. Chaque jour, il y a des professionnels qui leur donnent des soins, dans les hôpitaux; il y a des intervenants, souvent bénévoles, qui les côtoient, les soutiennent et essaient de les comprendre. Il serait peut-être temps que l’on commence plutôt à écouter ces gens-là.

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