Soutenez

Prendre confiance du bout des doigts

Les élèves déjeunent à l'école Saint-Louis. Photo: TC Media/Isabelle Bergeron

Depuis qu’elle prend des cours de couture, Léa Chopis a retrouvé confiance en elle. Victime d’intimidation, l’adolescente confectionne maintenant des accessoires lui permettant de s’exprimer davantage.

Dans les bureaux de TVDS (taxage, violence, drogue, sida), situés sur la rue Provost, à Lachine, des jeunes filles se donnent rendez-vous aux deux semaines dans le cadre des ateliers Au bout des doigts.

Comme Léa, les participantes apprennent à créer des accessoires avec des matériaux recyclés selon différentes techniques. Sacs à main, porte-monnaie et bracelet font partie des projets réalisés par les jeunes filles.

«La première fois, c’est certain que je trouvais ça dur, mais j’ai réussi à m’habituer aux machines à coudre. J’ai découvert une nouvelle passion», affirme l’adolescente de 15 ans.

Une vingtaine de filles sont inscrites aux ateliers, offerts depuis quatre ans. «Je dirais que 95% d’entre elles n’ont jamais touché à une machine à coudre», estime la coordonnatrice du projet, Lyne Larouche.

Estime de soi
Lorsque l’élève de l’école secondaire Dalbé-Viau a débuté les ateliers, il y a trois ans, elle vivait une période difficile. Des jeunes fréquentant le même établissement scolaire propageaient des rumeurs à son sujet.

«Ici, c’est comme si c’était une place qui m’éloigne de mes problèmes. Je peux me vider la tête», soutient Léa. Au fur et à mesure qu’elle s’est familiarisée avec sa nouvelle passion, la Lachinoise a appris à se faire confiance.

«Au début, je n’étais jamais sûre de moi, ça m’amenait à me faire une coquille. Aujourd’hui, si je fais une erreur, ça ne me dérange plus», remarque la jeune fille, qui se fait souvent complimenter sur ses accessoires par ses amies.

Dialogue
En plus de transmettre sa passion pour la couture, Mme Larouche est à l’écoute des participantes. C’est d’ailleurs l’oreille attentive de la fée marraine qui a aidé Léa de s’ouvrir davantage.

«Je peux me confier sur certaines choses, parce que je vais trouver la bonne personne à qui en parler, comme Lyne. Avec elle, je peux m’ouvrir et être sûre de ne pas me faire juger», confie l’élève de troisième secondaire.

Au fil du temps, une complicité s’est installée entre elles. «Des fois, Léa m’appelle pour savoir si elle peut venir travailler sur ses accessoires. Elle mène toujours ses projets jusqu’au bout», observe la couturière.

Couleur
L’art devient la trame de fond pour aborder certains sujets délicats. Libre aux participantes de choisir leurs tissus et leurs couleurs pour s’exprimer.

«On peut écrire, dessiner ou encore faire des graffitis. L’accessoire est le même pour tous, mais le contenu est différent pour chacune», soutient Mme Larouche.

Les couleurs noires, rouges et bleues se retrouvent régulièrement sur les projets de Léa. «La façon dont les filles confectionnent leurs accessoires dévoile une partie de leur personnalité. Léa est plutôt calme et terre à terre», observe la femme 51 ans.

Ce sont d’ailleurs ces mêmes teintes qui se retrouveront sur la prochaine création de Léa, qui confectionnera un vêtement pour la première fois. «J’aime apprendre à faire de nouvelles choses», avance-t-elle.

Maintenant que ses doigts de fée lui ont permis de retrouver confiance, Léa envisage de faire carrière en cuisine. Ce sera alors une autre façon, bien personnelle, de s’exprimer.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.