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Contrer la dépendance: l’ascension d’une vie

Photo: Collaboration spéciale

Gravir l’Everest est un défi de taille, tout comme pour certains, vaincre une dépendance. Le natif de Lachine, Yannick Proulx, en sait quelque chose. Il se prépare à atteindre le camp de base du toit du monde, situé à plus de 5000 mètres d’altitude. Les fonds amassés serviront à Cumulus, un organisme en prévention de la toxicomanie chez les jeunes, notamment de l’école secondaire Dalbé-Viau.

C’est le 16 mars que cet ancien élève de l’école de Lachine entreprendra son ascension de 22 jours, avec quinze randonneurs. Il s’entraîne à raison d’une vingtaine d’heures par semaine. Au-delà de la cause, l’épreuve représente une façon pour lui de marquer l’aboutissement d’un long cheminement personnel, celui de se défaire de sa dépendance au travail.

«Ça va être un gros défi de décrocher, de lâcher prise. Mon point culminant, ce sera cet accomplissement», raconte l’homme d’affaires de 33 ans. Son besoin de sur-travailler ne date pas d’hier.

Sa mère, une infirmière monoparentale, avait à sa charge deux enfants. L’insécurité financière dans laquelle Yannick a grandi l’a poussé, très jeune, à gagner de l’argent.

«Je vendais à 15 ans du chocolat porte à porte. Je revenais avec 100$ par soir. Ma mère en était presque jalouse, rigole-t-il. C’est comme ça que j’ai ramassé mon premier 1000$. J’ai acheté une table de mixage de musique, et ma business est partie de là.»

Parcours
C’était aussi une façon de se valoriser. Il garde un souvenir aigre-doux de son passage à l’école Dalbé-Viau. Il y a vécu de l’intimidation, se faisait traiter de toute sorte de noms et obtenait des notes médiocres. À la fin de son secondaire, il s’est rebellé et a fait l’école buissonnière. Mais c’est la musique qui l’a « raccroché ».

«L’école m’a aidé à devenir qui je suis, 15 ans plus tard. Ma passion était la musique, et on m’a raccroché avec l’audiovisuel en m’embarquant dans des petits projets scolaires. Et ça m’a valorisé. Je me sentais important. Si ça n’avait pas été pour Dalbé-Viau, je ne serais sûrement pas là où j’en suis aujourd’hui», confie-t-il.

Rencontré dans un café de Lachine, Yannick Proulx dégage aujourd’hui une énergie inspirante et emplie d’espoir.

Propriétaire d’une boîte d’audiovisuelle, il a réussi à se libérer il y a à peine deux ans de l’emprise d’un client manipulateur qui le dénigrait. «Il me présentait comme son troisième fils, son ‘petit protégé’. Il avait tellement d’emprise que je ne voyais rien, j’en avais des ulcères. J’ai dû travailler ma personnalité et ma confiance», raconte-t-il.

Il voyait dans ce client un père qu’il n’avait jamais connu. Son véritable père, Richard Rose, était un alcoolique d’une soixantaine d’années qui ignorait avoir un deuxième fils. «J’étais content de comprendre pourquoi ma mère m’avait privé de sa présence», explique-t-il.

Son père est mort trois ans après leur première rencontre en 2005. «Dès que je l’ai rencontré, je l’aimais déjà. Il était un grand amateur de pêche. Je regrette ne pas avoir pris le temps d’y être allé avec lui. Si j’ai une leçon à retenir, c’est de ne jamais remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui.»

Gravir
L’ascension de l’Everest est pour Yannick Proulx une façon de mettre ce conseil en application. Il a même augmenté l’objectif initial de 5000$ à 20 000$.

«Cibler la communauté de Lachine où j’ai grandi est beaucoup plus intéressant», partage celui qui se définit comme «un gars de proximité, sensible, et qui aime aider les gens».

Pour la fondatrice de Cumulus, Marie-Claude Sauvé, «Yannick est un cadeau tombé du ciel.»

Pour amasser les fonds, il vend entre autres des drapeaux de prières bouddhistes à 50$, où les acheteurs peuvent écrire un vœu. Comme la tradition tibétaine le veut, le randonneur suspendra ensuite ces drapeaux multicolores au passage des cols de la montagne de l’Everest, où le vent dispersera les vœux.

Pour faire un don : Fondation Québec Jeunes

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