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Le football dans le sang

L'équipe de football féminin les Blitz lors l'une de leur pratique. Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Dans le petit vestiaire de l’école Dalbé-Viau de Lachine se prépare la seule équipe de football compétitif féminin du Québec, le Blitz de Montréal.

Les entraînements extérieurs en vue de la prochaine saison de l’Independant Women Football League (ligue de 32 équipes dans laquelle le Blitz évolue) ont commencé cette semaine. La formation montréalaise, fondée en 2001, entamera sa 16e campagne le 9 avril à New York, où elle y affrontera les Sharks.

Une tâche que les joueuses, âgées de 18 à 40 ans, prennent très au sérieux. Elles s’entraînent deux fois par semaine. Comme aucune autre équipe n’existe dans la région, certaines viennent de Valleyfield, de Lachute ou de Mascouche pour pratiquer leur sport. Jusqu’à la mi-juin, elles joueront au total huit parties, dont quatre à domicile. Les autres matchs seront disputés aux États-Unis.

Les porte-couleurs du Blitz suscitent une certaine forme d’incrédulité quand elles parlent du sport qu’elles pratiquent. «Lorsque je dis aux gens que je joue au football, ils me répondent : “Tu joues au flag? Au rugby? C’est une ligue de garage?” Ils ont vraiment du mal à croire que je joue réellement dans une équipe de niveau compétitif», raconte la nouvelle quart-arrière de 22 ans, Maude Lacasse.

Et les comparaisons avec le volet masculin du sport ne tardent pas. «C’est certain qu’en termes de gabarit, nous sommes plus petites, mais une fille qui te rentre dedans, elle le fait avec autant d’intensité qu’un gars. Nous sommes peut-être même plus stratégiques et plus techniques pour pallier cette différence de poids», commente Marie-Claude Vincent, qui est porteuse de ballon. Cette dernière, âgée de 34 ans joue pour le Blitz depuis les débuts de la formation. Elle avait alors seulement 18 ans.

Des honneurs
En 2013, neuf joueuses du Blitz ont fait partie d’Équipe Canada, qui a remporté la médaille d’argent contre les États-Unis en finale du Championnat mondial de football féminin.

Leur entraîneur-chef, Pierre Migner, a été sélectionné en tant que coordonnateur défensif pour l’équipe nationale féminine en vue du Mondial de 2017.

Ennuis financiers
Le Blitz de Montréal n’a aucun commanditaire. Chaque partie représente donc un fardeau financier, surtout en raison de la distance que l’équipe doit parcourir pour affronter ses adversaires. La formation dit même craindre de ne pas pouvoir participer à la finale canadienne à Regina, faute d’argent.

Le Blitz a remporté le dernier Founder’s Bowl de l’Independant Women Football League, titre que les joueuses voudraient défendre cette année en Saskatchewan. Leur participation, qui est par ailleurs importante si elles veulent être sélectionnées pour représenter le Canada en 2017 au prochain Championnat mondial, leur coûterait 36 000 $, montant qu’elles n’ont pas.

Marice-Claude VincentMarie-Claude Vincent : «Chaque année, je me dis que c’est la dernière»
La porteuse de ballon de 34 ans n’en est pas à sa première course sur le gazon. Dès l’âge de 18 ans, elle a joint l’équipe du Blitz et en est maintenant à sa 14e saison en 16 ans.

« Le football c’est une drogue, je suis incapable d’arrêter. Chaque année, je me dis que c’est la dernière », admet-elle.

Durant toutes ces années, elle a terminé sa technique en inhalothérapie, rencontré l’homme de sa vie et est devenue la mère de deux enfants.

Elle avoue que son sport est sa seule activité physique, puisqu’elle mène une carrière exigeante et qu’elle fait le voyage depuis Valleyfield au moins deux fois par semaine pour avoir une pause de la routine familiale.

« C’est mon moment à moi, sans les enfants et les tracas du quotidien. Mon conjoint a sa propre entreprise, il est aussi très occupé. Ça me permet de décrocher», continue-t-elle.

La petite joueuse de 5 pieds 3 pouces ne se laisse pas faire sur le terrain, elle mise sur sa vitesse et de bonnes stratégies pour se démarquer contre des joueuses de plus gros gabarit, comme celles des Sharks de New York, que le Blitz affrontera le 9 avril.
de Maude Lacasse 13 QBMaude Lacasse: la nouvelle quart-arrière du Blitz
L’étudiante de 22 ans a mis ses crampons pour la première fois sur le terrain de l’école Dalbé-Viau à l’aube de ses 18 ans. Elle a tout d’abord occupé le poste de receveur avant de prendre la place de Saadia Ashraf, quart-arrière de la formation durant 15 ans et qui était aussi propriétaire de l’équipe. C’est aussi elle qui avait recrutée Maude Lacasse à ses premières foulées sur un terrain de football.

« Être quart-arrière, c’est un rôle très important et très exigeant. Tu dois savoir à tout moment ce que tes coéquipières font, mais mon équipe est comme ma deuxième famille et je ne serais rien sans les autres filles. Le rôle de toutes est important dans un jeu aussi compétitif », commente-t-elle.

Selon elle, les filles n’ont rien à envier aux gars du point de vue de l’intensité. « On joue aussi férocement que les gars, et bien que tu te remettes bien de la plupart des plaqués, il y en a dont tu te souviens longtemps », admet la jeune femme de 5 pieds 9 pouces.

Elle a comme objectif de remporter le championnat à Régina. Pour elle, qui a joué au soccer avant de faire partie du Blitz, aucun autre sport n’est aussi compétitif et stratégique.

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