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Unir par l’écriture

L'auteure LaSalloise Rachida M'faddel. Photo: TC Media / Isabelle Bergeron

Auteure laSalloise d’origine marocaine, Rachida M’Faddel a été élevée en France et habite le Québec depuis 17 ans. La Journée internationale de la femme africaine aura lieu le 31 juillet, sous le thème de La transmission. L’écrivaine, qui raconte des histoires de tolérance, croit d’ailleurs que le livre est l’un des meilleurs messagers.

Q:Qu’est-ce qui vous intéresse au sujet de l’immigration?
R:En fait, je dénonce surtout les effets pervers de la stigmatisation. Les immigrants comme les homosexuels et les femmes en sont souvent les cibles. On est toujours l’étranger de l’autre. Je cherche surtout à véhiculer un message de tolérance. J’explique qu’en s’intéressant à ceux qui nous entourent, on découvre leur humanité, ce qui nous unit. Le livre Lettres aux femmes d’ici et d’ailleurs était des prises de paroles tout aussi différentes que touchantes. La capacité de discuter sans être toujours d’accord permet de rêver à un Québec inclusif.

Si on ne fait rien, c’est la peur de l’autre qui va prendre toute la place. Il est urgent d’en parler. Comme j’adore l’écriture, le livre est ma façon de partager ma vision du monde.

Q:Avez-vous souffert de ce type de rejet?
R:Je suis née au Maroc, mais j’ai été élevée en France, avec ses valeurs et sa culture. Par la suite, je suis retournée vivre dans mon pays d’origine. J’avais l’impression d’être une étrangère partout où j’allais. En arrivant au Québec, j’ai compris qu’ici, je suis moi, la somme de mes expériences. Je m’y sens plus facilement acceptée, tout en sachant que mon sentiment de rejet provenait aussi de ma propre difficulté à me définir. Je suis Africaine, Marocaine, Française, Québécoise, Canadienne, francophone, femme. Toutes ces choses forment qui je suis, ma personnalité.

Q:Qu’est-ce que les gens ignorent au sujet de l’immigration?
R:L’exil est un deuil. Les gens qui immigrent ont généralement une bonne situation financière. Ils choisissent de partir pour trouver une vie meilleure.

Les nouveaux arrivants veulent mettre leurs compétences au service du Québec. Toutefois, ils apprennent souvent trop tard qu’ils devront retourner aux études s’ils veulent pratiquer leur métier. Ces situations créent des tensions familiales difficiles alors qu’ils ont tout abandonné derrière eux. C’est ce que j’ai voulu mettre en lumière dans Le Mirage canadien dans le portrait de ces 50 immigrants.

Si les hommes peuvent peut-être refaire un retour aux études, les femmes doivent souvent rester à la maison. Isolées toute la journée, elles apprennent la langue plus difficilement puisque le travail et l’école sont souvent les meilleurs lieux de socialisation.

L’auteure LaSalloise Rachida M’Faddel.

Q:Les Québécois sont-ils racistes?
R:Lire les livres de Marie Laberge m’a permis de comprendre les subtilités de la culture québécoise. À travers l’histoire qu’elle dépeint, j’ai pu comprendre les particularités de la province. J’ai aussi appris beaucoup sur les différentes réalités du monde dans les ouvrages d’auteur d’ici venu d’ailleurs. Dany Laferrière en est un bon exemple. Dans ses œuvres littéraires, il pose un regard sur la vie en Haïti, mais aussi sur ce qu’il voit au Québec. Le monde est devenu un village où chacun possède son identité, mais doit accepter celle des autres. Malgré ce qu’on tente de véhiculer, les Québécois sont très tolérants, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de travail à faire.

Q:De quoi parlera votre prochain livre?
R:L’histoire se passe dans une résidence pour personnes âgées. Ces édifices me fascinent. Je me suis imaginé la vie quand les immigrants seront en âge d’y habiter. Mes enfants n’ont pas ce type de question identitaire, ils y sont habitués. Pour eux, tout le monde est différent. Dans ce roman, les personnes âgées devront aussi y faire face.

Livres du même auteure

  • Regards croisés, paroles de femmes
  • Lettres aux femmes d’ici et d’ailleurs
  • Arabitude

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