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Fausses chenilles, vraies recherches

Photo: Gracieuseté

Vous serez peut-être surpris d’apercevoir des chenilles en pâte à modeler sur les arbres des parcs Angrignon, Ignace-Bourget et Marguerite-Bourgeoys, mais elles font partir d’un projet sérieux mené par deux chercheurs. L’expérience vise à évaluer le rôle des oiseaux et insectes prédateurs dans la régulation des ravageurs, comme l’agrile du frêne, en milieu urbain.

Plusieurs centaines de chenilles ont été fabriquées à la main par l’équipe du professeur Alain Paquette, du Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, et du chercheur Bastien Castagneyrol, de l’Université de Bordeaux.

Elles ont été placées dans une cinquantaine d’arbres de différentes espèces telles que des érables argentés et de Norvège, des tilleuls d’Amérique et européens ainsi que des chênes rouges, le mois dernier.

«Elles sont faites avec une pâte qui sèche moins rapidement que les autres donc absorbe davantage les impacts de becs d’oiseaux, ajoute M. Paquette. Elle ne goûte rien, ne sent rien, et n’est évidemment pas toxique pour les oiseaux.»

Après environ une semaine, les insectes factices sont retirés pour comptabiliser les marques laissées par les prédateurs. Les feuilles des arbres sont également analysées. L’étude est toujours en cours et une seconde phase de pose et de mesures dans les mêmes parcs aura lieu à la fin du mois de juillet pour des résultats attendus à la fin de l’été.

Objectif
«Ces fausses chenilles sont utilisées depuis quelques années en forêt naturelle et en laboratoire, mais n’ont jamais été testées en ville», explique Alain Paquette.

L’expérience Chenilles en ville vise à déterminer si un arbre entouré de congénères de la même espèce a plus ou moins de chances d’être victime d’insectes ravageurs que celui entouré de plusieurs espèces d’arbres différentes.

«On sait déjà que les arbres de forêts poussent plus vite lorsqu’ils sont entourés de différentes espèces, explique M. Paquette. Nous souhaitons maintenant vérifier si une plus grande variété d’arbres est synonyme d’une présence plus importante de prédateurs.»

À terme, cette recherche permettra de mieux appréhender la santé des arbres en ville, où ils sont davantage isolés et, peut-être, moins bien protégés.

Collaboration
L’an passé, les deux chercheurs ont obtenu du financement du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT), qui vise à créer des nouvelles collaborations entre chercheurs québécois et français.

Bastien Castagneyrol utilise les fausses chenilles en Europe pour tester la présence de prédateurs sur une seule espèce d’arbres selon leur latitude, du sud de l’Espagne jusqu’en Scandinavie.

À Montréal, le projet pilote représente une première étape. «Il faut la réitérer à plusieurs moments dans l’année, car les espèces d’insectes et l’aspect des feuilles changent», dit M. Paquette.

Dès septembre, ils souhaitent donc que le projet se fasse à plus grande échelle, en fonction du financement obtenu, afin d’engager plus de stagiaires et de travailler en partenariat avec des
commissions scolaires.

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