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Une enseignante de LaSalle prend le large!

En entrant dans l’appartement que partagent Catherine Desgagnés, son conjoint Yanick Proulx et leurs quatre filles, Gabrielle, Myriam, Véronique et Ève, on ne peut s’y méprendre: de grands changements sont en cours. Une pancarte accrochée à l’escalier se trouvant à l’extérieur annonce une vente de garage où tout doit partir. À l’intérieur, des sacs remplis de vêtements et des boîtes contenant différents objets du quotidien, des souvenirs, jonchent le sol. Nul doute, on se prépare à un grand départ.

À l’intérieur, une énergie, que l’on pourrait qualifier de nerveuse, empreinte d’enthousiasme, est palpable. Contrairement aux apparences, on ne parle ici pas d’un simple déménagement. La famille quittera pour une nouvelle demeure, oui, mais une demeure bien particulière… D’ici le 1er octobre, la jeune famille sera au large, à bord d’un voilier baptisé «Lhasa», en hommage à la chanteuse Lhasa de Sela, décédée d’un cancer, pour un périple autour du monde d’une durée d’environ cinq ans, qui commencera par les Bahamas, les Antilles et l’Amérique du Sud, pour ensuite se diriger de l’autre côté de la terre, vers l’Australie et l’Asie.

«La terre brûlée»

«Nous avons vendu beaucoup de nos choses, il nous en reste un peu à donner à gauche et à droite», explique Catherine Desgagnés, qui enseigne la littérature au cégep André-Laurendeau et qui habite, pour peu de temps encore, avec sa famille à Verdun. «L’objectif est celui de la terre brûlée: tout ce que nous allons garder, c’est deux ou trois boîtes que nous allons laisser chez nos parents et quelques objets que nous avons laissés à des amis, de façon symbolique.»

Cela fait plus de dix ans que cette famille verdunoise se prépare à ce grand voyage. Curieusement, tout abandonner demande beaucoup de sacrifices. «Quand on a beaucoup d’argent disponible immédiatement, on peut partir sur un coup de tête», dit-elle, ajoutant que la famille Desgagnés-Proulx est toujours à la recherche de commanditaires additionnels. «C’est pas le cas pour nous; ça fait une dizaine d’années que nous travaillons, que nous économisons, que tous nos choix sont faits en fonction de ce projet.»

C’est ainsi que depuis cinq ans, Catherine et Yanick, qui travaille en informatique, n’ont pas de voiture et vivent dans un quatre et demi avec leurs quatre enfants, pratiquant une forme de simplicité volontaire que certains pourraient qualifier d’extrême afin de mener ce rêve à terme.

«Nous prenons toutes nos économies; une fois revenu, nous allons recommencer à zéro, dans tous les sens du terme», dit-elle. Nous partons, mais il faut aussi être réaliste et penser à «l’après»; tout est fait dans une continuité et il est aussi important de se préparer pour ce qui va suivre.»

De leur côté, les enfants du couple ont littéralement grandi avec le projet, la fille aînée du couple, Gabrielle, étant âgée de 6 ans et la cadette, Ève, d’un an et demi. Depuis toujours, donc, les quatre gamines sont imprégnées de cette aventure, la décoration de l’appartement évoquant le voyage et l’apprentissage de la natation étant devenu un outil indispensable pour vivre en haute mer. Elles ont également pu naviguer à quelques reprises avec leurs parents depuis l’acquisition du voilier il y a un peu plus d’un an. Elles ont aussi accompagné leurs parents dans différents voyages, entre autres, lors d’un périple de sept semaines au Népal.

De leur côté, les parents ne sont pas des néophytes dans la navigation, Yanick et Catherine «baignant» dans cet univers depuis toujours. Ainsi, Yanick cumule 25 ans d’expériences nautiques, ayant commencé comme cadet de la marine à l’âge de 13 ans, alors que Catherine, vient d’une famille, les Desgagnés de Charlevoix, dont les descendants sont, depuis des générations, liés à la navigation.

L’éloge de la lenteur

Selon Catherine Desgagnés, l’une des raisons pour se lancer dans un tel périple est de fuir le rythme effréné imposé par la société actuelle, mais également par soi-même. Avoir nommé l’embarcation «Lhasa», en hommage à la chanteuse décédée à la suite d’un cancer il y a quelques années dans la force de l’âge, est également un rappel du côté éphémère de la vie, tout en célébrant celle-ci. «L’idée derrière notre voyage est de profiter de la vie, des bonnes choses et ne pas toujours courir dans tous les sens», explique-t-elle. «C’est l’idée de Carpe Diem, d’en profiter pendant que nous sommes là, de vivre nos rêves.»

«Nous ne voulons pas être des touristes, mais voyager, rencontrer les ‘’locaux’’ et s’imprégner du milieu. Nous allons passer un ou deux mois par année en navigation à proprement parler, le reste du temps nous allons être en mode  »découverte »», ajoute-t-elle.

Autour d’eux, parmi la famille, proches et collègues de travail, l’avis à propos d’un tel périple est partagé. Certains sont très enthousiasmés à l’idée, alors que d’autres ont certaines réserves, et bien sûr, démontrent de l’inquiétude.

«C’est intéressant: certains voient seulement le côté emballant, et non tous les sacrifices derrière le projet, alors que d’autres semblent cristalliser une certaine anxiété, une peur de ce qui pourrait se passer, dit Catherine Desgagnés. De notre côté, ces deux sentiments sont présents: nous sommes très excités, mais en même temps, on a aussi la trouille. Nous savons que ça ne sera pas facile au début, donc nous avons décidé de se donner un an d’adaptation et ne pas porter de jugement sur ce que l’on vit.»

«Il y une analogie que j’aime bien utiliser. C’est comme si nous prenions les cartes que la vie nous avaient données, et qu’on les brassait à nouveau. C’est un défi», conclut-elle.

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