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CJE: «Québec veut «scrapper» 80% de ce qu’on fait»

Philippe Tisseur, directeur du CJE de LaSalle. Photo: TC Media - Hugo Lorini

Le directeur général du Carrefour jeunesse-emploi de LaSalle (CJE) soutient que la restructuration des CJE créera de nombreux orphelins de service. À preuve, l’organisme pourrait perdre 80% de sa clientèle et la moitié de son financement.

À compter du 1er avril, les clients des CJE devront être âgés de 18 à 35 ans.

Actuellement, celui de LaSalle offre des services à tous les 16-35 ans. «Un élève de secondaire V, un jeune de 19 ans sans emploi et sans revenu, un jeune travailleur à temps partiel ou un jeune décrocheur se verraient refuser des services. C’est 80% des jeunes que nous recevons», explique Philippe Tisseur.

Le CJE local pourrait donc perdre 80% de sa clientèle et voir son budget de fonctionnement amputé de moitié. «Québec est en train de «scrapper» 80% de ce qu’on fait et de détruire notre mission», affirme le directeur Philippe Tisseur.

Les jeunes adultes qui ne sont pas chômeurs ou prestataires de l’aide sociale n’auront plus droit à l’aide à la recherche d’emplois du CJE.

Québec veut récupérer 45 M$ auparavant dédiés à aider tous les jeunes, pour les détourner vers Emploi Québec, qui déterminera qui aura droit aux services des CJE.

Abandonnés à leur sort
Concernant la clientèle abandonnée, Philippe Tisseur affirme que «c’est souvent l’aide sociale qui les refuse. C’est tellement plus complexe quand tu n’as pas de compte de banque, que tu n’as plus tes papiers et que tu vis chez n’importe qui. Des jeunes en situation d’errance squattent le salon de tout le monde et n’ont plus de pied-à-terre. Avec nos projets, on a un revenu à leur donner et ça les accroche».

Perdre 50% de son budget?
Le CJE de LaSalle pourrait perdre une partie de ses subventions. «Nous recevons 375 000$ et on pourrait en perdre la moitié. Notre comité d’orientation, formé d’intervenants du milieu, est le chien de garde qui veille à ce que les argents soient bien utilisés», explique le M. Tisseur.

Les dirigeants du CJE rencontreront le député local et ministre des Transports, Robert Poëti, le 12 décembre. «On espère qu’il aura la force et la volonté de nous appuyer. La première chose que j’aimerais qu’il défende, c’est notre mission», de conclure Philippe Tisseur.

Selon Anne-Catherine Couture, attachée de presse adjointe au ministre Robert Poëti, «il n’est pas question de fermer les carrefours jeunesse-emploi. Au contraire, nous reconnaissons leur expertise et c’est pourquoi nous avons décidé de protéger l’enveloppe de 45$ pour des services aux jeunes».

Dans un communiqué, elle écrit que «si cette démarche vise prioriser certains jeunes, elle n’exclut pas pour autant d’autres clientèles qui peuvent déjà fréquenter les organismes. Les services financés par le Ministère devront viser de façon prioritaire, mais non exclusive, les jeunes à l’aide sociale ou admissibles à l’assurance-emploi».

Chiffres éloquents
En 2013-2014, le CJE a aidé 398 jeunes pour des services ponctuels et 336 autres ont fait l’objet d’une ouverture de dossier avec plan d’action. Tous ont un accès gratuit aux ordinateurs, télécopieur et photocopieur. Depuis ses débuts, en 2002, plus de 8000 jeunes ont été desservis.
Situé au 1191, 90e Avenue, le CJE de LaSalle est géré par Destination Travail du Sud-Ouest. Ses services sont gratuits et bilingues.

Quelques statistiques sur le CJE LaSalle
– Fréquentation annuelle: 800 à 1000 clients
– Fréquentation par jour: 50 à 100 clients
– Clientèle âgée entre 16 et 18 ans: 17%
– Clientèle de nouveaux arrivants: 45%
– Il y a 19 CJE à Montréal

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