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L’obsession de nourriture paralyse une vie

Photo: Picasa

Souffrant de boulimie, la LaSalloise Patricia Lemoine a vécu l’enfer, alors qu’elle accepte aujourd’hui, sept ans plus tard, de partager son expérience à travers le Canada pour aider à faire connaître cette maladie mentale.

Cette obsession l’a hantée pendant une dizaine d’années, de l’adolescence à la mi-vingtaine, et l’a conduite vers une intervention chirurgicale, en plus de renoncer à une carrière d’avocate.

Dès l’âge de 12 ou 13 ans, Patricia Lemoine a été tourmentée par son image corporelle. «J’avais des idées noires. J’aimais performer en natation et en ballet, mais je ne sentais jamais que je faisais assez bien. Ça s’est traduit par l’anxiété au niveau de la nourriture et c’est devenu très drastique».

La peur de mourir
Le problème a pris de l’ampleur quand Patricia a emménagé seule pour ses études universitaires en droit. «Tout était dans ma tête. Parfois, je mangeais trop d’un coup, et après je ne mangeais pas pendant deux jours. Il n’y avait jamais un niveau adéquat de nourriture dans mon corps».

Il a fallu un grave problème de santé pour sonner l’alarme. «J’ai développé des pierres dans ma vésicule biliaire, j’ai fait de grosses crises et je me suis ramassée à l’urgence. On m’a enlevé la vésicule biliaire et on m’a dit que c’était relié à ce que je mangeais».

Ce sévère avertissement a forcé Patricia à réagir. «Je ne voulais pas mourir. Les troubles de comportement alimentaire se manifestent par un contrôle de la nourriture, mais c’est un symptôme de quelque chose de beaucoup plus profond», soutient-elle.

Faire le ménage dans sa vie
Au moment où elle a commencé à faire face à son trouble de comportement alimentaire et envisager la guérison, Patricia Lemoine a choisi de réorienter sa carrière dans un autre domaine que le droit. «Je travaille aujourd’hui en relations publiques. Bien que la pression soit parfois forte dans mon secteur, la notion de performance ne me rappelle pas ces années noires où j’étais aux prises avec un trouble de comportement alimentaire et que j’envisageais alors ma carrière dans un autre domaine que celui finalement choisi», dit-elle.

Mme Lemoine a vaincu ses démons en grande partie par elle-même. «Un médecin m’a référée à un psychologue qui m’a permis de régler tout ce qui était derrière le fait que je voulais me punir avec le contrôle de ce que je mangeais».

Sept ans plus, tard, le défi demeure quotidien. «Chaque jour, je fais des choix qui soutiennent le fait que je vais mieux. Je pense à ce que je vais manger, mais je ramène ça à des idées plus rationnelles».

Parmi les cinq «Visages de la maladie mentale» au pays
L’Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale (ACMMSM) a choisi cinq Canadiens pour sa 13e campagne des «Visages de la maladie mentale», dont la LaSalloise Patricia Lemoine.

Elle croit que briser le silence est essentiel pour favoriser le dialogue et éliminer la stigmatisation. Les histoires des cinq «Visages» seront illustrées sur des affiches des cartes postales distribuées à travers le pays.

«Ils prennent cinq personnes, car la maladie mentale touche une personne sur cinq. Ça fait sept ans que je suis en rémission et j’ai commencé à m’ouvrir et à en parler depuis deux ans. Je me suis dit que ça m’aiderait à rester en rémission».

Patricia se rend à Toronto pour des séances pour le tournage de publicités pour la télévision, avec des capsules d’entrevue. Elle participera à un plaidoyer à la Chambre des communes à Ottawa cet automne.

Native de Montréal, Patricia Lemoine et son mari habitent LaSalle depuis quatre ans.

Un expert se prononce
Selon Gérard Apfeldorfer, psychiatre et psychothérapeute, «la cure psychanalytique classique ne permet pas de guérir la boulimie. Les troubles de comportement alimentaire nécessitent un travail sur les conduites alimentaires elles-mêmes. Il s’agit de reconstruire une relation de confiance entre les aliments et soi, entre son corps et soi, d’apprendre à mieux gérer ses émotions, afin de cesser de transformer ses difficultés relationnelles et émotionnelles en difficultés alimentaires».

Les troubles alimentaires au Québec
3% des femmes en souffrent, dont 10% âgées de 13 à 30 ans.
90% des personnes atteintes sont des femmes
La moitié des jeunes filles de niveau secondaire sont insatisfaites de leur apparence
41% des filles désirent une silhouette plus mince et 24% des garçons, une plus forte
On dénombre 100 décès par année au Canada

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