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L’histoire méconnue du plus vieux jardin communautaire de Montréal

Photo: Andréanne Moreau/TC Media

Les jardins Charles-Nagy fêtent leur 80e anniversaire cette année. Le plus vieux jardin communautaire de Montréal s’étend sur plus d’un demi-kilomètre de long.

Bien peu de gens connaissent les origines de ce lopin de terre qui se cache à l’ombre de l’usine de production de levure Fleischmann, à LaSalle.

Le terrain vague derrière l’usine Fleischmann, qui abritait à l’époque la Standard Brands, a été transformé en 1936 en jardin à la demande de Charles Nagy. L’ingénieur mécanique voulait y exercer sa passion: l’horticulture.

La parcelle de terre appartenait à la communauté religieuse des pères oblats, qui ont accepté la requête de M. Nagy et de son supérieur, M. Steen. Les deux hommes ont alors créé la Société d’horticulture de LaSalle, qui est toujours responsable de l’administration des jardins.

Les employés de la Standard Brands ont pu y planter fleurs et légumes entre la rue Airlie et la voie ferrée.

D’abord un passe-temps, le jardinage est vite devenu une nécessité pour les résidants du quartier Highlands, qui avait perdu sa vocation agricole au tournant du siècle en raison de l’industrialisation et de l’urbanisation qui avaient atteint LaSalle.

«Jardin de guerre»
S’il se passionnait d’abord et avant tout pour les fleurs, le LaSallois d’origine hongroise Charles Nagy avait comme premier objectif d’éduquer les gens pour qu’ils apprennent à être autosuffisants. «C’était probablement son côté “Européen de l’Est”», explique sa fille, Diane.

Avec l’entrée du Canada dans la Deuxième Guerre mondiale, cet exercice s’est vite avéré vital. En mars 1943, le conseil municipal a offert une somme de 40$ (ce qui équivaut à près de 600$ aujourd’hui) à la Société d’horticulture de LaSalle pour l’aider à «promouvoir et encourager les citoyens à avoir chacun leur jardin de guerre».

Pour répondre à la demande grandissante, les jardins ont pris de l’expansion et se sont étendus jusqu’au boulevard LaSalle.

Le tracé très droit du terrain s’explique par l’ancienne Côte-Saint-Paul, qui reliait le chemin du Roy (boulevard LaSalle) au nord de la ville avant l’arrivée du chemin de fer du Canadien Pacifique, à la fin du XIXe siècle.

M. Nagy commençait lui aussi à manquer d’espace. Il ne s’est pas contenté d’avoir fleuri les quatre lots du jardin communautaire ainsi que le terrain voisin de sa maison, au coin des rues Monette et Lafleur. L’horticulteur amateur s’est aussi impliqué dans la création d’un jardin communautaire à l’hôpital Douglas, à Verdun, où il possédait deux parcelles, et il a semé tout un champ de fleurs sur sa terre des Cantons-de-l’Est.

Glaïeuls
Au cours de sa vie, Charles Nagy aura planté plus de 15 000 bulbes de glaïeuls. «C’était son dada», raconte sa fille. Charles a été nommé membre à vie de la Société des glaïeuls du Québec en 1988.

Pendant de nombreuses années, la Société d’horticulture de LaSalle a organisé des concours de roses, de dahlias, de glaïeuls et même de légumes. Les jardiniers amateurs s’affrontaient amicalement, exposant les tout derniers résultats de leurs croisements et s’échangeant des bulbes et des semences.

Encore aujourd’hui, le règlement interne des jardins Charles-Nagy stipule que chaque membre doit planter des fleurs sur sa parcelle pour faciliter la pollinisation, un legs du fondateur, qui s’est impliqué dans la société d’horticulture jusqu’à son décès, en 1999.

Le conseil d’administration de la société essaie maintenant de faire classer les jardins Charles-Nagy comme site patrimonial afin de les protéger d’éventuels lotissements immobiliers. En effet, le zonage actuel permet à l’arrondissement d’autoriser la construction
d’immeubles d’habitation.

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