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L’inusable couturier de la rue Rachel poursuit son œuvre

Le Tailleur Natale est installé depuis 1974 sur la rue Rachel Photo: Quentin Parisis - Le Plateau

Natale Desemina est un artisan de la couture qui poursuit avec discrétion et passion un travail qu’il réalise depuis plusieurs décennies dans le cœur du Plateau-Mont-Royal.

L’officine a beau avoir une apparence discrète, elle n’en demeure pas moins une institution. Le Tailleur Natale répare, recoud, arrange les petits accrocs sur les vêtements depuis 1974 sur la rue Rachel.

Derrière le comptoir, dans un décor d’un autre temps où résonne la radio communautaire italienne, Natale Desemina, 81 ans et le dé à coudre solidement fixé sur le bout de son doigt, ne manque pas d’activité.

« J’ai toujours quelque-chose à faire » assure l’octogénaire, couturier depuis 1957, date à laquelle il a obtenu en Italie ses deux diplômes qui sont toujours accrochés aux murs.

Natale Desemina s’est installé sur l’artère « car un magasin était à vendre » et qu’il « a pu le reprendre » explique-t-il.

D’abord au 276, où il reste pendant 26 ans, il déménage au 262 de la même rue à l’an 2000. Une longévité qui lui permet de connaitre comme sa poche le secteur et ses habitants, venus de divers horizons.

« Dans le quartier, on parle toutes les langues. Le Français, l’Anglais, le Portugais, moi l’Italien… on se débrouille » s’amuse-t-il, au milieu des habits divers et variés.

Originaire d’un village près de Crotone, en Calabre, Natale Desemina a appris la couture à Catanzaro avant de s’envoler pour l’Allemagne, à Francfort, où il reste pendant neuf ans.

C’est finalement en 1969 qu’il s’établit au Québec. Il y trouve un emploi pendant cinq ans avant de lancer son propre commerce.

Ouvert cinq jours par semaine, Natale passe 1h30 par jour dans les transports en commun pour se rendre jusque dans son magasin.

Même s’il habite près des galeries d’Anjou, la voiture ne l’emballe pas beaucoup et il préfère profiter du transport en bus.

Malgré ce rythme et les années qui passent, il n’entend pas pour autant ralentir son activité. « J’aime mon métier, et j’aime parler avec mes clients » explique-t-il.

« Je travaille sur des machines qui sont vieilles, comme moi » poursuit-il dans un grand éclat de rire. Cela ne l’empêche pas de donner entière satisfaction à ses clients, comme le révèlent les quelques sites internet qui répertorient les bonnes adresses du secteur.

Finalement, seul le dimanche demeure un jour de repos pour Natale.

« C’est le jour du soccer » dit-il, le sourire en coin et l’œil espiègle.

« Quand Crotone était en Série A, je les suivais, mais maintenant ils sont en Série B, alors je regarde plutôt la Juventus » reconnait-il.

Et la Coupe du monde ? « Pas quand je travaille ! » répond-il du tac au tac. « Et puis il n’y a pas l’Italie de toute façon alors… ».

Alors, Natale a mieux à faire, et donne la priorité à sa passion pour la couture, comme il le fait depuis de nombreuses décennies.

 

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