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Pour en finir avec les « vieux mots dits »

Tranchemontagne Daphnée - TC Media
« Les vieux, ça ralenti tout le monde », « On devrait retirer le permis de conduire aux chauffeurs à capine qui roulent à 60 km/h sur l’autoroute », « Les vieux coûtent cher au gouvernement »; qui n’a pas déjà entendu ou dit des commentaires semblables à propos des personnes âgées. Dans le but d’en finir avec ces « vieux mots dits », la table de concertation Alliance troisième âge du Grand Plateau, en collaboration avec le centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance, lance une campagne de sensibilisation sur l’âgisme.

« Depuis quelque temps, on sent qu’il se passe quelque chose quant à la discrimination basée sur l’âge. On a donc décidé de profiter du fait qu’il y avait une campagne nationale à ce sujet pour lancer notre projet à l’échelle locale », indique René Michaud, organisateur communautaire au CSSS.

Vieillir n’est pas facile, particulièrement sur le Plateau, estiment les initiateurs de la campagne.

« On dit des personnes âgées qu’elles nous coûtent cher, qu’elles monopolisent le système de santé. Sur le Plateau, qui est reconnu pour être un quartier branché fréquenté par les jeunes, on se demande ce qu’ils font là », soutient Nicole Frappier, présidente de la table de concertation.

« On est dans une société de performance, de vitesse. Parce que les aînés sont plus lents, on a tendance à ne pas reconnaître leur vécu, leur expérience. On les perçoit davantage comme un poids économique et social. On dit d’eux qu’ils sont un « tsunami gris ». C’est lourd comme terme », ajoute Johanne Lambert, chargée de projet.

Or, avec le vieillissement de la population, les têtes blanches occuperont une place de plus en plus importante dans la société. Il est donc primordial de s’ajuster pour faire face à cette nouvelle réalité, croient les trois responsables.

« Les personnes de 70 ans s’excusent quasiment de profiter des services qui leur sont destinés. À l’opposé, les baby-boomers sont habitués de revendiquer. Ils n’auront pas envie de se faire tasser. L’âgisme, ça débute dès 50 ans, quand des travailleurs ne sont plus capables de se trouver une nouvelle job en raison de leur âge. Pourtant, ils sont en forme », plaide Mme Frappier.

Une réalité insidieuse

L’âgisme est une menace insidieuse qui sévit, sans même que l’on s’en rende compte. Toutefois, contrairement à d’autres types de discrimination, comme le racisme ou le sexisme, celle-ci est encore socialement tolérée.

« De l’âgisme, on en fait avec nous-mêmes; chaque fois que l’on se dit qu’on est trop vieux pour faire quelque chose. On ne se rend pas compte que ces petites phrases ont un impact réel et que ça influence le regard que l’on porte sur soi-même, mais aussi sur les aînés en général qui se sentent diminués », indique Mme Frappier.

Sensibiliser

Pour briser les tabous de l’âgisme une campagne de sensibilisation locale a été mise sur pied. Une affiche fera bientôt son apparition dans les différents lieux publics du Plateau, tandis qu’un dépliant, imprimé à 10 000 exemplaires, sera distribué un peu partout, notamment dans les organismes communautaires et certaines écoles du quartier.

Une conférence portant sur l’âgisme sera présentée, en collaboration avec l’Association québécoise de gérontologie, au café des aînés de Projet Changement (4450, rue Saint-Hubert), le 15 novembre, à 13 h 30, à la Maison d’Aurore (4816, rue Garnier), le 21 novembre, à 19 h 30 et à la bibliothèque du Mile End (5434, avenue du Parc), le 9 décembre, à 14 h. Ces activités sont gratuites et ouvertes à tous.

Les organisateurs espèrent ainsi rejoindre l’ensemble de la population pour créer des ponts intergénérationnels donnant lieu à d’autres initiatives semblables. Les conférences seront accompagnées de l’exposition itinérante « Avoir sa place n’a pas d’âge ».

Pour en savoir plus sur les conférences ou sur l’exposition, on communique avec le 514 521-1320, poste 6520.

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