Soutenez

L’arrondissement s’attaque aux graffiteurs

Le 19 décembre, le conseil d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a voté, dans le cadre d’une séance spéciale, une modification à ses règlements sur la propreté. En effet, l’arrondissement a pris la décision d’augmenter les amendes attribuées aux graffiteurs majeurs (18 ans et plus) qui laissent leur signature sur les bâtiments privés ou publics. Le 20 décembre, le prix à payer pour une première infraction est passé de 100$ à 1000$. De quoi dissuader les contrevenants, estime l’administration Ferrandez.

« On ne croit pas que ça va régler le problème du jour au lendemain, mais on pense que ça pourrait avoir un effet dissuasif sur ceux qui seraient tentés de faire des graffitis et des tags, lance le conseiller Alex Norris. Avant, le prix à payer pour une première infraction variait entre 100$ et 300$. Maintenant, ce sera entre 1000$ et 2000$ ». Le montant grimpe jusqu’à 5000$ au bout de deux récidives.

Autre disposition importante de cette nouvelle politique de règlement : l’arrondissement, qui a travaillé en collaboration avec le service de police de Montréal dans ce dossier, aura dorénavant accès aux noms des contrevenants trouvés coupables, pouvant du même coup leur refiler la facture correspondant aux coûts de nettoyage des graffitis.

Ainsi, bien que la loi interdise d’imposer une amende de plus de 100$ aux mineurs, l’arrondissement pourrait entamer un recours civil contre les graffiteurs de 18 et moins – ou contre les parents de ces derniers – afin qu’ils délient les cordons de leurs bourses. Une seconde mesure dissuasive qui limiterait du même coup les dépenses de l’actuelle gestion du programme de graffitis de l’arrondissement.

Selon Alex Norris, 5030 cas de bâtiments vandalisés ont été dénombrés dans l’arrondissement en 2011, dont 40% sont des cas de récidive. Le conseiller soutient également que l’arrondissement aurait reçu, toujours en 2011, 3476 plaintes rattachées à la problématique des graffitis. Celle-ci coûterait annuellement quelque 300 000 $ aux contribuables.

Par cette mesure dissuasive, l’arrondissement vise autant les graffitis que les tags – une sorte de signature que les graffiteurs laissent sur un bâtiment.

« C’est un vrai fléau. On n’a qu’à marcher dans les rues du Plateau pour constater que les taggeurs abîment et enlaidissent le quartier. On a vu des tags sur des bâtiments patrimoniaux ou même sur des murales », déplore Alex Norris.

Si, historiquement, les graffitis étaient plus répandus dans le sud-ouest du Plateau (district Jeanne-Mance), qui se situe plus près du centre-ville, il semblerait que le problème se soit étendu. « Maintenant, on en voit un peu partout, le long de la rue Duluth, sur Saint-Denis, dans l’Est et le Mile End », avance Alex Norris.

Tags à répétition

Selon le commandant Stéphane Bélanger, du poste de quartier 38, les tags – qui sont vraisemblablement perçus comme une empreinte territoriale – ne seraient pas le fait de gangs de rue, du moins sur le Plateau. « Pas besoin d’être une gang de rue pour avoir une signature personnelle », soutient-il.

À ce sujet, John, propriétaire d’une fleuristerie sur Mont-Royal au coin de Jeanne-Mance, s’interroge. « Ils n’agissent pas individuellement. Des fois, il y a plusieurs jeunes en même temps », souligne-t-il, en parlant des graffiteurs qui, depuis deux ans, laissent leurs traces à répétition sur l’auvent et les murs extérieurs de son commerce. « Je repeins régulièrement ma devanture ou mon auvent», ajoute l’homme qui estime avoir déboursé environ 2000$ dans des travaux de nettoyage. Le commerçant a quelque fois dormi dans sa boutique pour prendre les contrevenants en flagrant délit. « Quand je sors les avertir, ils me disent que ce n’est pas eux et quand la police arrive, ils sont déjà partis », tonne John.

Il se dit content de cette nouvelle politique. « Ça va sûrement les dissuader, mais ce qui reste le plus dur, c’est de réussir à les attraper », pense-t-il.

Les policiers qui prennent sur le fait un graffiteur peuvent sans attendre lui remettre une contravention, au même titre, par exemple, qu’une infraction au code civil. Le contrevenant sera reconnu coupable s’il ne conteste pas. Dans le cas contraire, l’affaire sera portée devant les tribunaux.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.