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La communauté française du Plateau en deuil

Photo: Stéphanie Maunay / TC Media

Alors que des dizaines de milliers de Montréalais ont marché en silence, dimanche matin, de la Place des arts jusqu’au Consulat général de France à Montréal, la communauté française du Plateau-Mont-Royal est en deuil à la suite des attentats et prises d’otages à Paris, la semaine dernière.

Les immigrants originaires de l’hexagone représentent 22% de l’immigration de l’arrondissement, ce qui en fait la plus importante communauté du territoire. Ils sont au total 5260 selon le dernier recensement  disponible de Statistique Canada.

Sonia Peguin, pour sa part, a immigré au Québec, il y a quatre ans. Avec son bébé de 11 mois, elle a tenu à être devant le Consulat général de France à Montréal, mercredi dernier, par appui à sa mère patrie.

«En plus, je suis une enfant de Charlie Hebdo. Je suis une lectrice assidue depuis 1992.  Cabu, c’était le plus inoffensif des hommes. On a assassiné un symbole de l’enfance et de la liberté»- Sonia Peguin.

Les enfants de Charlie
«Je n’ai pu être présente à la marche, mais j’étais à la vigie le 7 janvier. C’était indispensable, on a besoin d’être ensemble.  Ce que certains ne savent peut-être pas ici, c’est que Cabu était collaborateur pour une émission jeunesse dans les années 1980 ayant bercé l’enfance de nombre de Français, Récré A2», mentionne la résidente du Plateau depuis quelques années.

Pour elle, plus que jamais, les citoyens de son pays d’origine doivent défendre leurs droits et réaffirmer leur laïcité.

Un journaliste indépendant et aussi résident du quartier, Laurent Vuthe, a craint pour ses proches demeurés en France.

«J’avais de la famille très proche des bureaux du journal. Pour nous, c’est le 11 septembre français. Ce n’est pas comparable en terme de nombre de morts, mais ça nous touche directement dans une valeur fondamentale de la République, soit la liberté d’expression. Ça faisait un moment déjà que la situation pourrissait en France, alors que depuis les années 1970, des attentats avaient lieux dans les transports, mais on ne s’attendait pas à ce qu’ils assassinent une salle de rédaction au complet», affirme M. Vuthe.

Une question sociale
Pour l’homme de 37 ans, la question est plus sociale que religieuse. Il souligne qu’une partie de la population n’a pas été intégrée et que ces attentats en sont symptomatiques.

«La violence, c’est l’arme des faibles. Il faut éviter les amalgames. Si toutefois, ces actes odieux permettent un élan de conscience, leur mort aura un sens.»- Laurent Vuthe

La résidente de l’arrondissement, Claire Sauvaire, aussi originaire de la République, a été particulièrement touchée par la prise d’otage à Porte de Vincennes, alors que des amis et membres de sa famille demeurent à proximité.

«J’ai demeuré dans ce secteur plusieurs années. On était déjà assommé par l’attentat à Charlie Hebdo, mais avec la prise d’otage, on se demande si la France est visée. Ça remue beaucoup de choses. C’est vraiment dur, parce que même si on est bien ici, c’est notre patrie qui est attaquée», indique Mme Sauvaire.

«Je l’ai vécu comme un coup de poignard. En plus, en tant que journaliste, j’ai l’impression d’être visée. Si j’étais encore en France, je ne me sentirais en sécurité nulle part» – Claire Sauvaire.

Une marrée humaine à Montréal

Rappelons que la marche de dimanche matin a réuni 25 000 personnes à Montréal, en faisant la plus imposante manifestation d’appui hors France.

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