Briser l’isolement des aînés, une porte à la fois

Briser l’isolement des aînés, s’assurer qu’ils ne sont pas victimes de maltraitance et les informer sur les ressources disponibles: tels sont les objectifs du projet Plateau ressources, né d’une collaboration entre la Table alliances troisième âge et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Le projet est inspiré de ce qui a été fait dans Rosemont–La Petite-Patrie. Une équipe avait alors fait du porte-à-porte dans l’arrondissement pour informer les aînés seuls des ressources disponibles, en fonction de leurs besoins. Les intervenants du Plateau-Mont-Royal espèrent cogner à 2000 portes du Plateau-Est, dans le quadrilatère Papineau et Iberville, Sherbrooke et Masson, d’ici la fin du mois d’août.

«Ils ont découvert dans Rosemont qu’il y a énormément de cas de maltraitance envers les personnes âgées. Dans le cas du Plateau-Mont-Royal, nous pensons que nous allons avoir beaucoup de cas de précarité d’hébergement. Il y a des aînés qui sont dans le quartier depuis toujours, mais qui sont sur le point d’être évincés de leur logement, parce qu’ils paient un loyer très bas, en raison des normes d’augmentation du loyer. Les propriétaires veulent qu’ils quittent pour pouvoir doubler le coût du loyer après leur départ», indique Julie-Anne Fortin, intervenante à l’organisme les Accordailles et chargée de projet pour Plateau ressources.

Selon un rapport d’Action solidarité Grand Plateau de 2012, 25 370 personnes sont âgées de 50 ans et plus sur le territoire de l’arrondissement. Sur ce nombre, 9545 ont plus de 65 ans.
«Le quartier a beaucoup changé et les commerces ne répondent plus nécessairement aux besoins des personnes vieillissantes, avec l’embourgeoisement. Nous voulons informer les personnes âgées isolées que plusieurs organismes communautaires, eux, sont des lieux de rencontre intéressants pour leur groupe d’âge. Nous allons néanmoins cibler des établissements commerciaux où se trouvent encore des aînés et où nous laisserons des affiches avec de l’information pour nous rejoindre directement. Nous envisageons aussi d’y aménager des kiosques pour parler avec le plus d’aînés possible», mentionne l’intervenante sociale.

Pour rassurer les aînés, une agente sociocommunautaire du poste de quartier (PDQ) 38 accompagnera Mme Fortin lors des tournées. Deux patrouilleurs à pied oeuvreront aussi pour le projet. Des cadets seront également formés pour donner l’information nécessaire lors des visites à domicile des aînés isolés.

Prévenir et intervenir en cas de maltraitance
Le SPVM sera pour sa part présent afin d’intervenir dans les cas criminels, comme la maltraitance, physique ou financière. Les citoyens peuvent référer des cas soupçonnés à Plateau ressources.

«Nous avons déjà une personne que nous allons rencontrer cette semaine qui nous a été référée, parce qu’on soupçonne qu’elle est victime de maltraitance. Ce sera plus mon volet en tant qu’agente sociocommunautaire, tout ce qui touche la prévention et les interventions en cas d’abus», explique Nathalie Legros, agente sociocommunautaire au PDQ 38.

Une aide inattendue
Le démarrage du projet a été rendu possible grâce à une aide financière de 30 000 $, décernée par la Fondation Joly-Messier. Cet organisme offre des dons à des programmes d’amélioration des conditions de vie des personnes âgées.

«Pour l’instant, c’est un projet de 40 semaines, mais on espère convaincre la fondation de reconduire la subvention pour pouvoir poursuivre notre travail et faire un suivi auprès des aînés rencontrés, voir comment ils se portent»,conclut Mme Fortin.