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«Je ne risquerais jamais ma sécurité», dit le commerçant tombé dans un trou

Photo: Catherine Bouchard/TC Media

Le restaurateur qui s’est retrouvé coincé dans un trou sur le site du chantier de la rue Saint-Denis est catégorique: il n’a pas sauté délibérément dans la tranchée pour protester contre la lenteur des travaux. Rencontré sur les lieux de l’incident par TC Media, il raconte sa version des faits.

Le commerçant, Mon Kun, vient tout juste d’obtenir son congé de l’hôpital. L’heure qu’il a passé au fond de la tranchée, à -15 °C, a toutefois laissé des traces. L’homme de 36 ans a toujours du mal avec sa préhension, ce qui est peu pratique pour un cuisinier.

Devant son restaurant, le Wok n Roll, il pointe vers plusieurs passerelles de bois qui sont installées depuis le 11 janvier, date du début des travaux. Selon lui, celles situées au pied de l’escalier menant à son appartement, à moins d’un mètre de la terrasse de son commerce, ont cédé.

«J’allais chercher quelque chose dans mon appartement et je suis tombé sur le dos. Je n’ai pas compris ce qui s’était passé. J’ai perdu connaissance quelques minutes», se remémore M. Kun.

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Sa conjointe souligne que c’est leur serveuse plutôt que les ouvriers du chantier qui a appelé les secours.
«Ça faisait déjà dix minutes qu’il était dans le trou. La ligne de haute tension était tout près. Il aurait pu mourir», indique sa femme, Jing Xu.

Un bête accident?
Il s’explique toujours mal pourquoi le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué qu’il aurait sauté dans le trou.

M. Kun est ferme: jamais il n’aurait fait un tel geste.

«Je dois m’occuper d’un enfant de quatre ans, je ne peux pas me permettre d’être blessé. En plus, quand j’étais encore en Chine, je travaillais sur des chantiers de construction. Je connais les risques et la profondeur d’une telle tranchée, avec les lignes électriques! Je ne risquerais jamais ma sécurité de cette façon», assure M. Kun.

Depuis l’accident de mercredi, TC Media a constaté que des clôtures ont été posées. Fixées sur celles-ci, de grandes pancartes annonçant l’entrée du commerce.

Disputes
Dans les heures qui ont suivi l’accident du 20 janvier, plusieurs sources, dont le SPVM, indiquaient que le restaurateur avait délibérément plongé dans la crevasse pour contester la lenteur des travaux qui entravent la circulation des voitures et des piétons devant son commerce.

L’hypothèse a été avancée, entre autres raisons, parce que le couple avait eu des altercations verbales avec les ouvriers du chantier dans les jours qui ont précédé l’incident.

M. Kun ne nie pas ces accrocs. Il admet avoir vociféré parce que son commerce n’était plus accessible, à un certain moment, ainsi que parce qu’une seule planche de bois servait de passerelle et qu’aucune clôture ne ceinturait le trou.

«C’était dangereux pour nos clients. En plus, si un incident avait dû survenir, on aurait été responsable. Mon mari a tenté d’expliquer cela aux ouvriers, mais ils lui ont dit d’appeler la police, ce qu’on a fait», continue Mme Xu.

Version que confirme le superviseur sous-traitant des travaux.

«Moi, je parle aux policiers quand les policiers sont là, mais on ne lui parle pas directement. Les travailleurs n’ont pas le droit de parler directement au monsieur. Moi, je lui ai dit « Monsieur, on a des travaux à faire », c’est tout», raconte le superviseur, André Robitaille.

Le couple de restaurateurs envisage maintenant de poursuivre la Ville pour ce qu’ils considèrent de la négligence.
«On se moque de la sécurité des personnes. La Ville de Montréal et le SPVM ne nous ont pas pris au sérieux. N’importe qui aurait pu tomber dans ce trou. On essaie de se trouver un avocat, pas trop dispendieux, pour nous aider», souligne Mme Xu.

Pour sa part, le SPVM n’a pas voulu commenter l’affaire affirmant que le dossier fait toujours l’objet d’une enquête.

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