Double meurtre dans Mercier-Est: hommage aux femmes victimes de violence

Photo: Steve Caron/TC Media

Quelques jours après l’assassinat de Paulette Robidoux et Diane Champagne, les filles de cette dernière sont toujours sous le choc. Elles ne comprennent pas ce qui aurait pu mener leur frère, Christian Pépin, accusé des meurtres prémédités des deux dames, à commettre un tel geste.

Marie-Claude et Carolanne participaient mercredi dernier, trois jours après le tragique événement, à une vigie aux chandelles organisée par le Centre Info-Femmes de Mercier-Est en l’honneur des deux victimes.

Encore visiblement ébranlées, elles tenaient toutefois à être présentes. Les fleurs et nombreux témoignages reçus de la part des gens sont une source de réconfort.

«Malgré les circonstances, ça fait du bien de voir tous ces gens – des femmes mais aussi des hommes – s’être déplacés pour rendre hommage à notre mère et notre grand-mère. On se sent moins seules», de souligner les deux filles.

La veille des meurtres, Carolanne devait normalement passer la nuit chez sa mère. Des problèmes de voiture ont modifié ses plans. Elle ne veut pas penser à ce qui serait arrivé si elle avait été présente.

«Je veux être forte pour ma mère. C’était une battante et c’est la meilleure façon de lui rendre hommage.»

Karima Baffou habite l’appartement suivant de Mme Champagne. Elles se connaissaient depuis presque 12 ans. Le départ de son amie laisse un grand vide.

«C’était une femme qui avait un grand cœur et aimait tout le monde. Elle s’impliquait beaucoup dans la coopérative. Elle était toujours souriante malgré les épreuves de la vie – elle combattait un cancer –, mais jamais elle ne se plaignait. Elle me manque terriblement», raconte-t-elle en pleurs.

Les résidents de la coopérative sont unanimes. Ils n’ont que de bons mots à dire sur leur ancienne voisine.

«J’oubliais toujours mes clés pour entrer dans l’immeuble. Je sonnais à la porte de Mme Champagne et elle m’ouvrait en me disant « bon tu as encore oublié tes clés. Une chance que tu es beau, je vais t’ouvrir »», se remémore un autre voisin.

Avec sa joie de vivre et son authenticité, la dame en a marqué plus d’un.

6 décembre: une date pour se souvenir
La vigie du Centre Info-Femmes coïncidait avec la commémoration de la tuerie de la Polytechique, où 14 femmes ont perdu la vie le 6 décembre 1989. Leur crime: être des femmes.

«Tétreaultville a connu une onde de choc ce week-end. Pour nous, il était important de réagir rapidement pour dénoncer ce qui s’est passé et tous les actes de violence commis à l’endroit des femmes. Depuis ce fameux 6 décembre 1989, 1084 femmes et enfants ont été tués au Québec dans des circonstances de violence», explique Anik Paradis, coordonnatrice du Centre Info-Femmes.

Malheureusement, des cas comme celui de Mmes Champagne et Robidoux ne sont pas uniques.

Dans l’antre d’Info-Femmes, Mme Paradis est confrontée régulièrement à des actes de violence en tous genres commis à l’endroit de femmes.

«Il ne faut pas avoir peur de dénoncer ces situations. Il y a de l’aide qui existe pour les victimes. C’est le message que nous véhiculons sur une base quotidienne.»

Anik Paradis, coordonnatrice du Centre Info-Femmes.

Près de 80% des membres d’Info-Femmes ont vécu à un moment ou un autre de la violence, rapporte Mme Paradis. Ce n’est donc pas étonnant qu’autant de gens aient été en pleurs lors de la vigie.

Plusieurs des personnes présentes se remémoraient leurs expériences personnelles, indique la coordonnatrice.

Beaucoup de préjugés persistent à l’endroit des victimes de violence. Mme Paradis entend souvent des phrases comme «si elle reste là, c’est parce qu’elle aime ça» ou «il faut en revenir avec les événements de la Polytechnique, c’est du passé.»

«Rien de plus faux, croit-elle. La violence sous toutes ses formes est encore très présente aujourd’hui. La question est toujours d’actualité. On le voit avec le mouvement #metoo et les dénonciations de plusieurs victimes au cours des dernières semaines. Il y a beaucoup de sensibilisation qui reste à faire.»

Mais Mme Paradis et son équipe ne veulent pas baisser les bras. Le sujet est trop important pour le banaliser.

«Au Centre Info-Femmes nous ne sommes pas une maison d’hébergement. Nous accueillons toutes les femmes sans jugement. Nous sommes là pour les soutenir au besoin, pour faire du référencement lorsque nécessaire, et ce, peu importe les problématiques qu’elles vivent. Et aussi quand elles n’ont pas de problèmes particuliers. Nous accueillons les FEMMES tout simplement.»

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