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Une installation artistique qui aborde l’ère numérique

Photo: (Photo : Le Flambeau de l'Est - Delphine Bergeron)

Le collectif Projet EVA présente une œuvre interactive proposant une réflexion sur la socialisation à l’ère d’internet. L’installation combine technologie et égoportrait, projetant le spectateur au cœur d’une expérience multisensorielle.

C’est une pièce achevée, la plus récente du collectif artistique fondé en 2003 et formé d’Étienne Grenier et Simon Laroche, qui prend place au centre de la salle Goncourt. La structure d’aluminium, composée de miroirs, de lumières leds et de moteurs accueille les spectateurs un à la fois. Ils sont avertis à l’entrée : épileptiques s’abstenir et déconseillé si vous avez le mal des transports.

L’Objet de l’Internet s’active lorsqu’un individu y prend place, assis sur un tabouret, la tête au centre d’une série de miroirs rotatifs. La machine offre un voyage au centre de soi-même, semi-hallucinatoire, extrapolation de l’idée centrale d’un monde postapocalyptique où le web serait mort et ses milliers d’égoportraits, abandonnés.

Le spectateur, cobaye prisonnier de son image multipliée, voit tourner ses reflets à différente fréquence, jusqu’à la déformation. Rendu à une certaine vitesse, il n’y perçoit qu’une forme floue, transposition poétique de la marchandisation des personnalités sur les réseaux sociaux.

Actualisation de l’Histoire
L’origine de l’oeuvre est une extrapolation d’un dispositif technologique créé à la fin des années 60. «La contre-culture américaine des années 60 est vraiment une grosse source d’inspiration pour nous», explique Étienne Grenier, du collectif. Une reproduction de cette première machine, conçue à l’époque de la cybernétique, est aussi accessible au public.

Commandée pour l’exposition The Deadweb – La Fin, en 2017, le duo d’artistes s’est questionné sur la fin d’internet. C’est ainsi qu’ils sont revenus à la source, alors que la connexion d’ordinateurs en réseaux pour permettre la communication entre les gens débutait, chez les intellectuels et dans l’armée américaine.

«Des penseurs comme William Burroughs ont commencé à réfléchir à ce qui arriverait si on branchait des ordinateurs ensemble et ont commencé à penser cette idée de cyberespace.»

— Étienne Grenier, co-fondateur du Projet EVA

Simon Laroche décrit la pièce comme un immense casque électro-mécanique de réalité virtuelle. «On nous a dit qu’on joue avec le malaise, ou l’inconfort du public, comme si c’était un matériau», aime-t-il souligner. Il croit qu’un des buts de l’art est de sortir les gens de leur zone de confort.

«On parle de la condition humaine à notre époque contemporaine, explique-t-il. Combien de gens sont angoissés, dépendants de la technologie?» Il soutient que ce malaise global face à l’accélération de l’hypercapitalisation fait partie de notre réalité et que les causes sont peu souvent abordées.

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L’oeuvre des deux créateurs offre une expérience poussée à l’extrême, à vos risques et périls, comme lorsque l’on étale sa vie sur internet.

Projet EVA est en exposition à la salle Goncourt de la bibliothèque Jean-Corbeil du 9 au 20 janvier. Informations : 514 493-8260

 

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