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Des cliniques dénoncent le manque de médecins à Montréal-Nord

Photo: Mario Beauregard - TC Media

Entre la difficulté d’attirer des médecins et les obstacles que rencontrent les nouvelles initiatives en santé, des gestionnaires de cliniques de Montréal-Nord craignent que l’arrondissement devienne un véritable «désert médical».

Avec seulement quatre médecins, qui ne sont pas à temps plein, la Clinique Rayons de soleil n’est pas en mesure de recevoir autant de patients qu’elle le voudrait. Pourtant, ses locaux de la rue d’Amiens peuvent encore accueillir au moins trois autres professionnels de la santé. «Nous nous posons vraiment la question de savoir pourquoi les médecins n’y viennent pas», confie Wilner Morisseau, administrateur de la clinique.

Il n’est pas le seul à se poser la question. Trois kilomètres à l’est, Lyette Théroux se creuse la tête pour tenter d’attirer cinq médecins qui permettraient à la clinique Désy d’étendre ses heures d’ouverture. «Cela fait longtemps que ça dure, mais les 5 dernières années ont été difficiles. Nous nous arrachons les candidatures des nouveaux médecins», dénonce la gestionnaire administrative.

Pourquoi les médecins se font si rares Montréal-Nord? La question n’a pas été étudiée, mais chacun y va de son hypothèse. Certains pensent que le fait d’être loin du centre-ville est un frein. Pour d’autres, Montréal-Nord, un secteur qui «fait parfois les manchettes» pour les mauvaises raisons, serait victime d’une mauvaise réputation. «Il y a aussi une question de perception de la clientèle», avance Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). Des médecins préfèreraient éviter les secteurs à forte tendance multiculturelle, où la communication avec les patients peut être difficile.

Situation préoccupante
Peu importe les causes, les conséquences de ce manque de médecins peuvent être graves pour les Nord-montréalais. Les délais d’attente s’allongent à un point tel que des patients renonceraient à se faire soigner. «Les citoyens se ramassent dans les hôpitaux, les gens malades ne vont plus consulter. C’est catastrophique, surtout dans un arrondissement où la population est vieillissante», s’inquiète Wilner Morisseau, administrateur de la Clinique Rayons de soleil.

Pour lui, des solutions existent. Il faudrait par exemple, augmenter le nombre d’infirmières praticiennes pour pallier le manque de docteurs, ou encore revoir l’organisation géographique des affectations des nouveaux médecins pour prévoir un quota à Montréal-Nord.

Le gouvernement du Québec ne semble toutefois pas favorable à cette idée. «Nous ne sommes pas dans un état où nous pouvons dire à un médecin, ‘toi, tu vas travailler là!’» explique Rita de Santis, députée provinciale de Bourassa-Sauvé, qui assure que le gouvernement du Québec, et le ministre de la Santé, M. Gaétan Barette, sont conscients du problème. «Je ne sais pas ce que nous pouvons faire. Si je pouvais faire des miracles, je le ferais. Nous cherchons des solutions, mais elles prennent du temps à être trouvées», poursuit-elle.

Prendre les choses en main
Las d’attendre, le milieu communautaire de Montréal-Nord a décidé d’agir. «La situation, qui est connue par le gouvernement depuis des années, perdure. Nous avons donc décidé de nous mettre ensemble et de forcer les choses à changer. Nous savons que nous sommes capables de faire autrement et de faire mieux», déclare Régine Laurent.

La FIQ, en partenariat avec Paroles d’excluEs et les citoyens, œuvre depuis plusieurs mois pour l’ouverture d’une clinique de proximité sur la rue Lapierre, qui offrirait plusieurs services, comme l’évaluation de l’état de santé, la prise en charge des résidents sans médecin de famille ou encore, le suivi des grossesses. Elle permettrait de soulager les cliniques et les hôpitaux. «Cette clinique est une très bonne idée», se réjouit l’administrateur de la Clinique Rayons de soleil, qui rêve déjà d’un jumelage entre les deux établissements.

Prévenir plutôt que guérir
De son côté, l’arrondissement avoue n’avoir que peu de marge de manœuvre pour agir dans ce dossier qui n’est pas de ses compétences. Mais les élus municipaux reconnaissent qu’ils peuvent agir indirectement, en amont. «Ce que nous pouvons faire, c’est créer des conditions propices pour attirer des médecins. Améliorer l’image de Montréal-Nord, en rénovant des parcs, en installant des marchés publics, etc», observe Christine Black, la mairesse.

L’arrondissement souligne également ses efforts en matière de saines habitudes de vie. L’espoir, c’est qu’une population en meilleure santé, qui mange mieux et bouge plus, n’aura pas besoin de se rendre à la clinique aussi souvent.

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