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Des commerçants mécontents de l’extension de Rue de Dijon

Photo: Nicolas Ledain / Guide de Montréal-Nord

Des commerçants déplorent que des places de stationnement aient été sacrifiées sur la rue de Dijon pour permettre l’extension des aménagements d’un espace d’animation estival. L’arrondissement assure avoir mené de larges consultations et demande de la patience.

Alors qu’il n’était jusqu’ici déployé que le long du parc Le Carignan, l’espace Rue de Dijon – qui est installé le long de la rue du même nom – s’étend pour cet été 2018 jusqu’à l’avenue Valade. Des placotoires empiètent donc désormais sur la chaussée, là où se trouvaient auparavant des stationnements, et ce au grand dam des professionnels du petit centre commercial situé face à ces nouveaux aménagements.

«Ça nous pénalise beaucoup, un client a dit qu’il ne viendrait plus ici parce qu’il ne trouve plus de stationnement», raconte Jannina Lacorte, gérante d’une boulangerie.

Le propriétaire du dépanneur voisin constate aussi une baisse de fréquentation et craint que cela ne soit préjudiciable face à la concurrence des grands centres d’achat.

«Les gens vont aller à la place Bourassa, là où il y a des stationnements. Ça n’encourage pas les petits commerçants. Même ceux qui veulent consommer ici, ils ne peuvent pas», regrette Ali Eddoughmi.

Problème de communication
Le Guide de Montréal-Nord a rencontré les responsables de cinq des huit magasins installés sur la rue et tous critiquent cette extension.

«On ne comprend pas l’utilité et le but. Je ne vois pas pourquoi l’amener dans un coin résidentiel et commercial. Ils nous expliquent que ça peut avoir l’avantage de faire venir des gens, mais on ne le voit pas parce que c’est toujours vide», assure Max Aurélien, responsable d’un restaurant haïtien.

Des représentants de Pépinière, l’organisme qui s’occupe de l’animation et de la mise en place du projet Rue de Dijon, ont pourtant réalisé des consultations dans leur démarche.

«On a rencontré ces commerçants pour prendre le pouls. L’idée […] est d’aller vers quelque chose de plus calme et serein qui pourra les mettre en valeur», nous indiquait Catherine Laroche, la chargée de projet lors d’une entrevue au mois de mai.

S’ils ne nient pas avoir reçu une visite de l’organisme, certains entrepreneurs prétendent que ce qui leur avait été annoncé n’a pas été respecté.

«On nous avait dit que ça prendrait un mètre sur le trottoir avec des bacs à fleurs, les bacs sont dans la rue et il n’y a pas de fleurs. C’est pas honnête», accuse Diego Cordero, propriétaire d’un salon de coiffure. «On a reçu un petit feuillet et une visite, mais c’était même pas quelqu’un de la ville et on ne nous a pas donné tout le détail», poursuit M. Eddoughmi.

L’arrondissement assure pourtant avoir fait plusieurs démarches afin de consulter tous les acteurs.

«Il y a eu des consultations en amont. Par la suite l’agente de Pépinière a fait des tournées pour voir où on en était. On est allé avec le maximum d’informations que les gens nous donnaient», indique la mairesse Christine Black.

Projet pilote
Ces nouveaux placotoires critiqués font partie de la troisième phase du projet pilote Rue de Dijon lancé en 2016. L’arrondissement est donc prêt à reconsidérer ces espaces, mais souhaite d’abord les essayer.

«On est à l’écoute de ce qui se passe, c’est très récent ce qui a été aménagé, donc il faut se laisser quelques jours pour voir ce qui se passe. Si cela amène trop de contraintes, peut-être qu’il faudra réajuster en courant d’été ou à la fin de l’été», ajoute Christine Black.

Ce projet pilote de trois ans se termine à la fin de l’été, mais l’arrondissement a l’intention d’installer éventuellement des structures permanentes afin de poursuivre ces animations au moins le long du parc Le Carignan. Des discussions sont en cours avec la ville-centre pour obtenir des financements.

Deux zones de stationnement réservées

La perte de stationnement dans ce secteur de la rue de Dijon a aussi ravivé quelques tensions entre les boutiques. Un dépanneur et le restaurant haïtien situés aux extrémités du centre commercial jouissent de petits espaces qu’ils réservent aux véhicules de leurs clients, mais depuis la disparition des places disponibles sur la rue, des habitués des autres magasins y laissent leur voiture pour faire leurs achats.

«Avant ça, les gens savaient, mais maintenant ils prennent des chances parce qu’ils n’ont pas le choix. Ça se remplit et nos clients n’ont plus de places», déplore Max Aurélien.

Certains commerçants plaident donc pour un partage de ces espaces et réclament une intervention de l’arrondissement.

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