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Les défis du «Blackman» de l’humour

Photo: Gracieuseté / Eva-Maude TC

En spectacle dans le cadre du ZooFest, l’humoriste Richardson Zéphir s’est confié au Guide sur son parcours, son style et ses intentions. Haïtien d’origine né à Montréal-Nord et élevé à Laval, il joue de son image pour faire rire, mais aussi pour l’imposer dans la société.

Humoriste touche-à-tout, Richardson Zéphir a gagné en notoriété sur la scène québécoise depuis quelques années avec ses personnages colorés, typés et percutants. Pourtant, il y a encore dix ans, son métier de restaurateur dans le Vieux-Montréal le tenait éloigné d’une carrière professionnelle sur les planches. Passionné d’improvisation depuis le secondaire, il a été touché par «l’amour de la scène» en jouant dans des ligues à Montréal. C’est en constatant l’explosion de la relève humoristique québécoise en 2009 qu’il a décidé de sauter le pas à 31 ans.

«Ça a été un virage total, mais j’ai décidé de me jeter dans le vide, puis de foncer. C’est quelque chose qu’il faut faire à 100 %», pense-t-il.

Le temps a donné raison à ce Nord-Montréalais d’origine, puisqu’il vit désormais en faisant rire les autres. Gagnant de l’émission En route vers mon premier gala Juste Pour Rire en 2016, il est en train de finaliser son troisième one-man-show, multiplie les vidéos et les collaborations sur internet et est un pensionnaire régulier du Punch club, l’une des ligues d’improvisation les plus prisées de la province.

«C’est un travail que je ne considère pas comme un travail. Je suis chanceux d’avoir le luxe de faire des blagues», estime-t-il.

Se qualifiant d’humoriste «assez engagé», Richardson Zéphir n’hésite pas à aborder l’actualité pour surprendre son public. «J’aime parler de sujets moins sexy, emmener le monde avec moi et qu’ils trouvent ça drôle», poursuit-il.

Personnages noirs
Sur scène, à la radio, à la télévision ou dans ses vidéos sur internet, Richardson Zéphir s’amuse aussi à jouer de sa couleur de peau. Que ce soit à travers « Blackman », le superhéros qui livre des conseils de bonne conduite, ou avec « la police », son agent qui parle sur internet de tout et de rien, les personnages de l’humoriste reflètent tous une image derrière le rire.

«Tous mes personnages sont noirs dans leur manière d’être, mais leurs propos ne sont pas ethniques. C’est important pour moi de jouer un noir qui fait des choses que tout le monde fait. C’est une représentation qui doit être là et dans mes propos et mes actions, j’ai toujours cela en tête», explique-t-il.

Richardson Zéphir profite d’ailleurs de sa notoriété croissante pour rencontrer des jeunes issus de la diversité et les encourager à croire en leur chance. Il anime notamment des ateliers à Montréal-Nord pour transmettre ce message.

«Il y a beaucoup d’Haïtiens et de gens de plein d’origines différentes dans ce quartier. Le plan est surtout de faire sortir les jeunes pour qu’ils voient les possibilités qui s’offrent à eux et les ressources qu’ils peuvent revendiquer», détaille-t-il.

Il espère aussi que sa présence sur la scène humoristique québécoise aidera d’autres jeunes issus de la diversité à croire en leur talent.

«Plus j’aurais du succès, plus les gens autour de moi en auront et plus les générations derrière moi vont pouvoir prendre leur place. J’espère que ce sera plus facile pour eux», conclut Richardson Zéphir.

Un spectacle en duo au ZooFest

Pour la dixième édition du ZooFest, le festival montréalais de la prise de risque et des talents émergents, Richardson Zéphir monte sur scène avec l’humoriste Franky dans un spectacle évolutif nommé La colombe et le corbeau qui est présenté jusqu’au 28 juillet au Monument-National. Les deux hommes y essaient chacun du nouveau matériel pendant une heure en jouant sur les oppositions.

«On est tout à fait différents. Je suis assez dynamique et énergique, Franky est très calme et lent. On aime l’idée de donner une sorte de confusion, on joue aussi avec la couleur de peau, on se demande qui est la colombe et qui est le corbeau», détaille Richardson Zéphir.

Ce festival est particulier pour l’humoriste, puisqu’il a participé aux dix éditions depuis 2009, année qui coïncidait avec son lancement dans l’humour à temps plein.

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