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Le pouvoir des commerçants

Le restaurateur Ghislain Prud’homme estime que ce sont les commerçants comme lui qui ont réellement le pouvoir d’améliorer le sort des Nord-Montréalais.

« Les gens ont déjà la solution à leurs problèmes. Ce sont les moyens qui leur manquent, résume le propriétaire d’Agrigourmet situé sur la rue de Charleroi. Souvent, ça ne prend pas grand-chose pour les raccrocher. Juste un petit coup de pouce et une petite tape dans le dos. »

Il soutient notamment que les gens d’affaires ont le pouvoir de donner du travail aux résidents du quartier.

« Le taux de chômage est plus élevé à Montréal-Nord, particulièrement chez les jeunes. Je pense qu’en offrant un emploi avec un bon environnement de travail à quelqu’un qui en a besoin, je change la vie de plusieurs personnes autour de cet employé. C’est comme ça qu’on améliore la société. »

M. Prud’homme s’insurge d’ailleurs contre les administrateurs municipaux qui favorisent l’embourgeoisement des quartiers en poussant les populations démunies à l’exil. Il raconte avoir observé ce phénomène alors qu’il travaillait dans le quartier Hochelaga.

« J’ai déjà entendu dire qu’il fallait éliminer les commerces “BS” de la rue de Charleroi. On devrait améliorer la vie des gens au lieu de les tasser. Le mandat d’un élu est de travailler avec les gens qui sont déjà dans le quartier. Pour faire cela, il faut favoriser la création de commerces plutôt que de les fermer », explique-t-il.

S’installer à Montréal-Nord

Malgré tout, avec ses affiches « verte salade fraîche », Agrigourmet détonne dans le décor de la rue de Charleroi qui est bordée de pizzerias. C’est d’ailleurs le hasard qui a conduit le fondateur au nord de la métropole.

Il y a quelques années, M. Prud’homme a tout perdu dans l’incendie de sa résidence de Rosemont. En attendant de se réinstaller, il a aménagé temporairement dans le secteur est de Montréal-Nord. C’est alors qu’il a appris à aimer l’arrondissement au point de s’y établir définitivement et d’y ouvrir son commerce.

« Les gens d’affaires me déconseillaient de m’installer à Montréal-Nord. J’aurais pu aller sur le Plateau où se trouve ma clientèle cible, mais je trouve que c’est essentiel que des commerces s’installent ici », explique l’homme d’affaires.

Il n’a d’ailleurs pas regretté son choix puisqu’à sa grande surprise, 20 % de sa clientèle est composée de résidents de Montréal-Nord. M. Prud’homme estime que l’arrivée d’Agrigourmet a répondu à un besoin.

Le restaurateur ne se contente toutefois pas d’offrir des soupes en attente et des repas aux coûts de 4,40 $ à 6,40 $ pour donner accès aux aliments sains aux personnes démunies. Il fait également de l’éducation.

L’un des trucs qu’il distribue à ceux qui veulent bien l’entendre est que manger végétarien peut être très économique.

« Les gens veulent manger du steak et du poulet, mais ça coûte beaucoup moins cher de manger un curry de légumes au soya, une ratatouille ou une lasagne de courgettes grillées », explique M. Prud’homme.

Le cuisinier fait régulièrement découvrir de nouveaux aliments à sa clientèle.

« J’ai eu un client qui au début me demandait toujours 15 bœufs bourguignons, raconte-t-il. Il n’avait jamais mangé de poisson, mais je l’ai convaincu d’essayer. À la fin, il prenait trois bœufs bourguignons, quatre truites, trois saumons, etc. »

Pour arriver à faire changer les mauvaises habitudes de vie de ses clients, M. Prud’homme raconte devoir se battre contre les préjugés véhiculés par les médias.

« On parle beaucoup d’alimentation, notamment à la télé, mais pas de façon à ce que les gens mangent mieux. Quand on parle de faire un foie gras de canard braisé au porto, personne ne se fait ça pour souper. Ça envoie le message que la bonne nourriture n’est pas à la portée de tout le monde », conclut le restaurateur.

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