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L’âge d’or

Chaque matin, en me brossant les dents, je vois le reflet de mon visage dans le miroir de la salle de bain. Sans les compter un a un, je dois constater que les cheveux blancs ont définitivement pris le contrôle de ma chevelure. Je vieillis. Rien de plus normal, me direz-vous. On commence à vieillir le premier jour de notre vie. Mais, est-ce que je suis vieux ?…

Il n’est à peu près pas de sujet aujourd’hui qui ne soit abordé sous l’angle du vieillissement de la population : la pénurie de main-d’oeuvre, le départ massif à la retraite des « baby-boomers », la capacité des États de supporter les régimes publics de retraite, le retour au travail des retraités ou l’âge de la retraite qui est passé de 65 à 67 ans.

Mais, quand est-on « vieux », « aîné », « âge d’or », « troisième âge » ou « personne âgée » ? Autant de termes, autant de définitions. Pour certains, les aînés sont toutes les personnes âgées de 65 ans et plus. Pour d’autres, l’âge auquel les gens deviennent des aînés devrait être déterminé par leur espérance de vie à un moment particulier.

En attendant qu’on se mette d’accord sur une définition, le temps continue à faire son oeuvre. Une chose semble certaine sur le territoire de Montréal-Nord, la population âgée de 65 ans et plus est en hausse. Et cela va continuer. Parmi elle, près de 20 % des aînés vivent sous le seuil du faible revenu. Ce ratio augmente à près de 60% chez les femmes aînées*. Sans oublier, la solitude et l’isolement pour bon nombre.

Quand je lis ce genre de statistiques, inquiétantes sous plusieurs aspects, je me demande toujours quelle place se laisse-t-on les uns les autres ? Tôt, mon grand-père m’a éveillé à la réalité de l’exil. Mon ami Bernard, à 90 ans, solide comme un roc, parcours son quartier à vélo, toujours prêt à aider l’autre, à transmettre ses savoirs sans fin à la moindre occasion.

Notre société est obsédée par les coûts, au risque de perdre pour toujours les plus grandes richesses qu’elle porte en elle. D’autant plus quand ces richesses ne se chiffrent pas. Difficile à comprendre quand cela ne rentre pas dans des colonnes de chiffres.

Et si on changeait de regard pour voir dans le vieillissement de la population, autre chose que des coûts sociaux mais un patrimoine à saisir, une immense richesse collective pour le bien-être de toutes et de tous ?

Alors, on verrait peut-être comme nous le rappelle ce proverbe africain qu’ Un veillard qui meurt, c’est comme une bibliothèque qui brûle.

Patrice Rodriguez

coordination@parole-dexclues.ca

06 décembre 2012

*Portrait dynamique des aînés d’Ahuntsic et de Montréal-Nord – Ensemble,

prendre en main le mieux-être de nos communautés – Rapport d’étape – Juillet 2011

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