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Affrontements dans les rues de Montréal

Au moins 5000 personnes, 10 000 selon certaines sources, ont répondu à l’appel de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) cet après-midi et ont marché dans les rues de Montréal pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un exercice bidon, le Sommet sur l’éducation supérieure. Après une heure de manifestation paisible, les policiers de l’escouade antiémeute, n’appréciant pas de commencer à se faire jeter des balles de neige, ont chargé la foule. La manifestation, qui était relativement paisible jusque-là, a rapidement fait penser aux plus intenses vécues lors de la crise sociale qui a secoué le Québec l’an dernier.

Rassemblés au Square Victoria, les manifestants se sont élancés sur le coup de 14 h 45. Juste avant, les porte-parole étudiants et de groupes sociaux avaient dénoncé des décisions qu’ils considèrent comme prises d’avance dans le cadre du sommet qui a duré moins de deux jours, et au terme duquel le gouvernement péquiste a annoncé vouloir aller de l’avant avec une hausse des frais de scolarité annuelle de 3 %.

Véronique Laflamme, porte-parole de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, n’a pas été tendre envers le Parti québécois. « Le PQ a encore une fois décidé de se faire champion de l’austérité budgétaire. En 1996, alors qu’il voulait atteindre le déficit zéro, il a annoncé des coupures en éducation et la hausse des frais de scolarité. L’histoire se répète », a-t-elle lancé, dénonçant du même coup d’autres coupures passées du parti au pouvoir et qui ont affecté, entre autres, les travailleurs de la santé et les plus démunis de la société.

La militante a aussi dit que plusieurs croyaient que le PQ allait renverser la vapeur après dénoncé les libéraux et « avoir joué de la casserole » l’automne dernier. « Eh bien non! Le nouveau gouvernement a plutôt répondu à l’angoisse fiscale des pauvres riches. Le premier budget Marceau a suivi la trace signée par le gouvernement libéral », selon elle. Les groupes qu’elle représente auraient préféré voir le nouveau gouvernement augmenter la contribution fiscale des plus riches, des banques et des grandes entreprises plutôt que procéder à des coupures à gauche et à droite et hausser les tarifs, une logique qui nuit aux personnes qui ont les plus petits revenus. Considérant que le PQ a reculé, elle a proposé diverses alternatives, dont une populaire parmi les milliers de personnes rassemblées : la gratuité scolaire.

Affrontements

Si les policiers de l’escouade antiémeute étaient bien visibles dès le départ de la manifestation, ainsi que ceux de la cavalerie, escortant le long cortège de chaque côté, celui-ci a déambulé dans les rues du centre-ville dans une ambiance festive pendant environ une heure. Le rassemblement avait été déclaré illégal avant même qu’il ne s’ébranle, le trajet n’ayant pas été remis aux forces de l’ordre. Un arrêt a été fait devant le siège social de Loto-Québec, rue Sherbrooke, ou quelques œufs ont été lancés dans la vitrine de la société d’État. Peu après, les policiers ont foncé dans la foule pour procéder à une « arrestation ciblée », ce qui a coupé la manifestation en deux pour un moment.

Réunis de nouveau, les milliers de manifestants ont ensuite emprunté le boulevard Saint-Laurent en direction nord, puis la rue des Pins vers l’est. Les chevaux de la cavalerie et les pelletons de l’escouade antiémeute, qui escortaient la manifestation sur les trottoirs jusqu’à ce moment, ont alors emprunté la rue étroite en se mêlant aux manifestants dont certains se sont fait bousculer. La tension a monté et des balles de neige ont de nouveau été lancées en direction des policiers. Peu après, sur la rue Saint-Denis, ils ont chargé de tous côtés

Au Carré Berri, des grenades assourdissantes contenant des gaz irritants ont été lancées au-dessus de la tête des manifestants, de journalistes et de photographes, ainsi qu’au sol. Des arrestations musclées ont eu lieu. Les manifestants se sont dispersés dans plusieurs directions et ont été poursuivis au pas de course. Coin Ontatio et Berri, c’est la Sûreté du Québec qui est entrée en jeu, venant prêter main-forte au SPVM. Les deux corps policiers ont travaillé en équipe pour repousser et disperser les derniers protestataires vers 17 h 30.  

Le SPVM a d’abord rapporté, en début de soirée, avoir procédé à 10 arrestations en tout : quatre pour agression armée, quatre autres pour attroupement illégal et deux pour méfaits. Puis, vers 19 h, ils ont affirmé avoir appréhendé deux personnes de plus qui auraient eu en leur possession des cocktails Molotov. Les policiers rapportent qu’un des leurs fut blessé pendant la journée.

Ce décompte est beaucoup plus difficile à faire du côté des manifestants dont plusieurs ont été frappés à coups de matraque, renversés lors des charges de l’escouade antiémeute ou affectés par les gaz irritants et le poivre de cayenne. Des citoyens, qui ne participaient pas à la manifestation, ont aussi à plusieurs reprises été bousculés ou sont tombés sur le trottoir lors de ces charges qui les ont pris par surprise alors qu’ils sortaient d’un commerce, particulièrement dans le secteur de la rue Saint-Denis.

Sur son compte Twitter, en fin de soirée, l’ASSÉ a émis le statut suivant : « Le SPVM a fait déraper la manifestation. Tout allait bien jusqu’au moment où la police a semé la panique en prenant la tête. »

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